Rappelez-vous il y a quelques mois j'avais écrit un grand texte sur le courage, la résistance, notre capacité à en avoir ou pas et surtout mes interrogations sur l'au-delà du courage. J'ai pu tester grandeur nature cet au-delà.
Depuis quelques semaines hôm est trés souvent absent pour son boulot plus les quelques challenges toujours plus haut, toujours plus fort qui l'ont conduit au marathon Nice-Cannes et à pratiquer le tennis en équipe donc 5 matchs = 5 dimanches d'absence, j'ai donc largement assumé les 4 Fantastics durant les vacances, puis durant les semaines passées, tout en gérant maison, boulot, RV médicaux des unes, RV et dossiers pour essayer d'obtenir un peu d'aides depuis la suppression pure et simple de mon allocation compensatrice tierce-personne, panne de voiture et de lave-vaisselle, éléctricité qui disjoncte et ... moi aussi !
Quelques tensions plus tard, (chacun fait ce qu'il peut), je me suis retrouvée dans un état physique proche de la méduse, un moral en berne et ... une grosse, grosse semaine de travail devant le nez ... c'était dimanche. Hôm m'a annoncé qu'il partait 3 jours en Corse. Là je me suis dit "ma belle (oui oui je me fais des fleurs toute seule) là ça ne va pas le faire" C'est alors que tout devient incroyablement difficile, rien ne semble plus vouloir aller droit donc tout va de travers. C'est l'impression au petit matin d'avoir, pendant la nuit, fusionné avec le lit, j'ai l'impression de peser 15 tonnes, que devoir lever un bras est même impensable, mon cerveau droit hurle "lève-toi" quand le gauche pleure "je ne peux pas, je ne veux pas me lever, je ne veux plus jamais me lever, je veux qu'on me laisse là, maintenant". Dans ces conditions une tâche somme toute banale même si désagréable pour tout le monde prend des allures de dragon tout droit sorti du gouffre béant des enfers. Pour moi cette semaine mon dragon s'appelait "Conduire dans Marseille mardi matin" et oui nous avons tous nos démons, en voilà un des miens.
J'ai donc passé mon lundi à me dire je vais le faire, non je ne peux pas le faire, il faut le faire, non, non, non je ne VEUX pas le faire parce que ... j'ai mal, je suis fatiguée, je vais casser ma voiture, je suis nulle au volant, les Marseillais conduisent tous comme des malades et que moi ... J'AI PEUR !!!!
Lundi soir j'ai crié un peu sur les 4 Fantastics, me suis couchée tôt donc n'ai pas trouvé le sommeil, essayant de trouver les raisons valables qui pourraient me faire annuler ce déplacement, n'en ai trouvé aucune, me suis endormie lourdement, ai fusionné avec le lit. Dans la tête une petite phrase "ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas les faire, c'est parce que nous n'osons pas les faire qu'elles nous paraissent difficiles"
Mardi matin : 2 grandes Fantastics envoyées à leur collège par le bus, 2 minis Fantastics embarquées dans ma voiture, direction école puis ... puis je ne sais toujours pas si je vais y aller.
Mardi matin : 2 mini Fantastics déposées à l'école, j'allume le GPS ... qui ne s'allume pas ... argh je la tiens mon excuse : moi dans Marseille sans GPS c'est mission impossible ... sauf qu'il s'allume quand même ... je dois avoir la tête d'un condamné prêt à suivre la ligne verte.
J'ai pas le courage.
Qu'est-ce qui se passe alors dans la tête et dans le corps ?
Michel chante "où est la source", je descends en moi, quelques minutes pour me recentrer, - tu as peur parce que la dernière fois que tu es allée à Marseille tu as eu un accrochage ... et alors ? ça arrive à tout le monde, froisser de la tôle n'est pas honteux, tu vas conduire doucement, tant pis pour ceux qui klaxonnent ... là cocotte on parle de ton cher travail que tu aimes, auquel tu tiens pour PLEIN de raisons ... est-ce que tu vas laisser ta peur dicter ta vie ? ... est-ce que tu vas utiliser ton état de santé pour justifier ce manquement ? NON !! et trois fois NON ...
Et alors ??? Et alors j'ai démarré le moteur et je suis partie à Marseille. Peut-être que ça ne relevait pas du courage, il n'y a finalement aucun exploit à faire un aller-retour à Marseille,peut-être que j'ai relativisé juste assez pour que cette action reprenne des allures de "possible". Si celà relève de courage je suis allée au-delà du mien et j'ai découvert qu'après il y a autre chose que je ne saurais nommer, mais il y autre chose et je trouve cette pensée extrêmement réconfortante, pas vous ?
Surtout que j'y retourne la semaine prochaine !!!!