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  • Miroir

    A l'agonie des mensonges illusoires
    Il n'y aura plus de sourire.
    Non qu'il s'agisse d'amertume,
    Ni de besoin, ni d'envie, de cette folle écume.

    Faciès sans fard et sans grimace,
    Le fond du lac à la surface.
    Et le monde se voit à ce calme miroir
    A l'agonie des mensonges illusoires.


    NDLR : Poème zen à qui sait dépasser l'illusion des mots, si si ;)

  • Lumières subtiles

    Je suis de retour après quelques journées parisiennes pour le salon Autonomic, de beaux et bons moments passés avec la chère équipe.

    De belles rencontres, de belles retrouvailles et des liens qui se renforcent, des échanges qui durent quelques minutes et qui suffisent pourtant à tisser des amitiés faites de partage et de complicité.

    Des instants subtils comme je les aime, des instants qui font des vies.

    Ici un encouragement à une jeune femme handicapée si tentée de baisser les bras, aller souffler sur la braise qui luit au fond de ses yeux et la regarder s'éloigner vers les recruteurs du village emploi, le sourire et le CV fiers !

    Des instants où ma joie est légère.

    Plus tard tenter d'apprivoiser la nervosité de cet homme rescapé d'un burn-out, ne pas me laisser être envahie par le stress qu'il véhicule encore comme une aura visible et vibrante, quelques paroles apaisantes, rester fermement calme, lui envoyer cette image en miroir, lui qui ne voulait pas s'assoir me raconte alors une bribe de son histoire, le stress accumulé, les objectifs toujours plus élevés, les heures de travail qui mangent le sommeil et puis, un matin, le trou noir, les batteries à zéro, la tête pleine de nuages, le mental grillé. La descente aux enfers, chômage, dépression, divorce, solitude. Le voilà quelques années plus tard, face à 45 recruteurs et ma trombine en guise d'apéritif !

    Des moments doux, des moments fous, des moments de tendresse et toujours au retour cette sourde mélancolie qui m'empoigne, elle ne me surprend plus, elle est là, je la vis, je la goûte jusqu'à la lie, je la consomme pour qu'elle ne me consume pas.

    Retrouver les Fantastics le vendredi soir à l'auditorium du Thor pour un spectacle de chorales inter-collèges, et mes larmes émues s'emmêlent de joies, de fatigue, de manque. Déchirée, parfois je voudrais être partout à la fois !

    Un bon week-end de repos, faire l'ourlet des rideaux du salon relooké beige et bleu marine, les Fantastics savourent une belle fin d'année scolaire, que le bonheur est doux.

  • La vie : ce trésor.

    Je vous livre un article spécialement écrit pour la revue "L'entente" du mois de juin. L'épisode remonte au début du mois de mai, depuis Lola va mieux, elle ne boîte plus.


    Une de mes filles s'est blessée en sport, à la maison elle s'est accaparé mon petit fauteuil roulant manuel, il ne lui est pas indispensable, disons qu'elle fait une "expérience".

    La voir ainsi me remue les tripes.

    Ma maladie n'est pas héréditaire mais je sais qu'elles ont parfois peur d'être "comme moi" et qu'elles porteront sans doute cette angoisse à l'heure d'avoir elles-mêmes des enfants. Plus jeune je m'étais dit que s'il y avait le moindre risque de transmettre cette maladie je choisirai de ne pas avoir d'enfants. C'est terrible de penser ça non ?


    Je vivais la maladie comme une injustice, un fléau qui me volait rêves et avenir et puis au-delà des limitations physiques il y avait la douleur. Je voyais mon corps se détruire peu à peu, je voyais l'impuissance des médecins, je voyais la lente torture de mes parents, torture qui m'anéantissait de culpabilité, comment peut-on envisager sereinement de faire vivre ça à son propre enfant ?

    J'ai eu de la chance.

    J'ai rencontré un professeur en rhumatologie quand j'avais 15 ans, il testait un médicament à base de placenta humain. Nous savions que je développais cette maladie sous une forme très sévère. Il ne m'a pas inscrite dans son programme qui avait pourtant des résultats. Il m'a dit "on ne va pas prendre de risque d'effets secondaires sur votre fécondité, un jour vous voudrez des enfants, il faut préserver cette possibilité, c'est ça qui compte. Et surtout soyez consciente que ce n'est pas héréditaire, si vous voulez des enfants faites-le l'esprit tranquille, mais si possible avant 25 ans".


    Ses paroles étaient restées gravées dans mon coeur. Maxine est née l'année de mes 25 ans et la vie a repoussé les limites, quand Eva est née j'avais 34 ans et 4 grossesses à mon actif. Quatre magnifiques grossesses et quatre fantastiques filles qui sont le sens de ma vie. Que serais-je sans elles ? Mon compagnon et père de mes enfants aurait-il accepté ce sacrifice, lui qui rêvait de fonder une famille ? Quel serait mon moteur ? Ma raison de vivre ? Oh j'en aurais sans doute trouvé une mais celle-là est si puissante qu'elle soulève des montagnes depuis la nuit des temps.


    Aujourd'hui j'aime ma vie. Elle est parfois très rude, je dois puiser loin le courage de me lever, de travailler, de m'occuper de la maison et de la famille, mais elle est aussi riche d'amours, d'amitiés, de rencontres, ma vie est pleine de vie.


    C'est facile pour moi de penser que s'il y avait eu une probabilité de transmission j'aurai choisi de ne pas avoir d'enfants puisque je n’ai pas eu à faire le choix mais on ne sait pas où la vie nous mène sans l'avoir vécue. Le désir d'enfant est si puissant, si profondément inscrit dans notre chair qu'il est parfois impératif, vital. Cette conscience qui est la mienne aujourd'hui que « donner la vie c'est gagner la sienne » aurait peut-être été plus forte que la raison, aujourd'hui la douleur je la transcende, je vous en fais des poèmes. Mes enfants en feraient sans doute autant.


    Des risques il y en a à chaque instant de vie. Je ne leur ai peut-être pas transmis cette maladie, en l'état des connaissances de la médecine. Que leur ai-je transmis d'autre ? Ne fait-on pas parfois plus de mal par l'éducation ? Tous les parents sont-ils potentiellement de bons parents? Certains ne transmettent-ils pas leurs complexes, leurs travers ? Certaines de nos transmissions sont sans doute plus douloureuses à vivre que nos maladies. Et pourtant combien sont ceux qui se posent la question avant de décider de mettre des enfants au monde?

    Et si on faisait un bébé ? Dans l'effervescence de nos vingt ans on n'a pas toujours conscience de jouer à la roulette russe avec nos destins, tous, pas seulement les personnes handicapées ou malades. Et pourtant on joue. Bercés d'espoirs, de mensonges et d'illusions, de rêves d'enfants parfaits qui vivront heureux à leur tour. Quand l'enfant qui paraît est malade ou handicapé ou que la vie apporte peu à peu, à chacun, son lot de peines et de soucis, alors on apprend la réalité, on sort du mensonge, et c'est la conscience purifiée qu'on peut découvrir que la vie, de quelque nature qu'elle puisse être, vaut la peine d'être vécue.


    Je ne souhaite à personne de vivre dans un corps comme le mien mais je sais que, lorsque ça arrive, on peut trouver au fond de soi une source inépuisable : l'amour de la vie. De quel droit pourrions-nous priver quiconque de cela ? Plutôt que militer pour le droit d'être handicapés et parents en 2010, je voudrais militer pour le devoir de comprendre que chaque vie est un trésor. Laissons vivre les personnes trisomiques*, elles ont tant à nous apprendre, aidons les personnes en grande dépendance à vivre dignement et recevons leurs messages d'amour, accompagnons les personnes autistes dans les sphères supérieures. Reconnaissons-nous dans toutes les différences et nous pourrons ainsi être libres, enfin libres de la norme meurtrière.


    * 95 % des familles choisissent l’IMG quand le dépistage de la trisomie 21 est positif.


    "La compassion vis à vis des parents est un sentiment que tout médecin doit avoir. Si un médecin ne l'éprouve pas, il n'est plus qu'une sorte d'ordinateur, une machine à faire des ordonnances. L'homme qui pourrait annoncer à des parents que leur enfant est gravement atteint et qui ne sentirait pas son coeur chavirer à la pensée de la douleur qui va les submerger, cet homme ne serait pas digne de notre métier. Mais on ne protège pas d'un malheur en commettant un crime ; on ne soulage pas la peine d'un être humain en tuant un autre être humain".
    "On peut envisager, certes, une société technocratique dans laquelle on tuerait les vieillards et les anormaux, et où on achèverait les blessés de la route.
    Cette société serait peut être économiquement efficace. Mais cette société serait inhumaine. Elle serait complètement pervertie par un racisme aussi sot et aussi abominable que tous les autres, le racisme des bien portants contre les malades".
    "Après avoir fait un diagnostic de trisomie 21 au microscope, décider que ce sujet doit être éliminé parce qu'il est trisomique 21, c'est du racisme chromosomique".
    Pr. Jérôme Lejeune, découvreur de la trisomie 21