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Six cent pages dans ce cahier, vertigineux colimaçon de mots en palier, reliés en cordon tressé vers l'ombilicale chaleur. Précieux phare du veilleur, fenêtre sur âme en ligne, repêche-moi ici, ailleurs. Six cent notes se balancent dans mon carnet. Funambule noctambule, écrire à la craie sur la voûte céleste, suspendue à un fil, pourvu qu'il soit de vie ou de lune. Rire, pleurer, jouer, aimer, écrire encore. Conjugaisons harmoniques aux cartes de mon ciel, grimoire de l'invisible à portée de vue, à mille lieux des lilas respirer leur chant et dire la prose comme une clé d'émoi. Du fond de moi à toi, aux étoiles, en pirouettes de couleurs, en blanches nuits, en cris de silence, larmes en papier, rires en paillettes, danse des bonheurs, verbiage incessant des douleurs. Clavier à nez de clown pour papyrus bavard et partageur.
Et si la six centième ici se dit c'est que celui qui lit, relie à lui autant qu'à elle, celle qui, ce soir pour ceux-ci, scintille ces six si justes mots :VOUS ICI, SIX CENT MILLE MERCI !
C'est cette vibration vive. La pulsation rythmique du coeur accordée au presto de cet estate qui ne cédera sa place à la rousse saison qu'après une chamanique danse.
C'est la cadence des jours piquants comme les bogues qui explosent en promesses de géants. Alignement des ondes sur les portées de nos vies pour écrire symphonies fantastiques et abyssales folies. Torrents tumultueux et sauvages des métamorphoses.
Mise à nue de la faiblesse qui ouvre grand les barrages devant les gouffres infinis des possibles. Canaliser la puissance. Et les nuits inondées de lumière brûlent l'ombre la plus dense. Point de recul.
Étendard charnel dressé aux centres des tourbillons, propulsion communicative pourvu que le coeur tienne. Emboîtements précis des éléments, trinités enchaînées au vertige des âmes en ordre de marche.
Et puisque nous y sommes, écoute les tambours des révolutions.
Hier au soir le froid m'a saisie. Est-ce le frôlement du temps qui passe, faisant fleurir le givre à l'éclosion de cet automne. Ou l'absence de la petite, ouvrant le vide entre nos deux continents séparés. Les sourires du marché n'ont pas tout à fait comblé mon coeur ce matin, je suis rentrée bien seule. Alors j'ai présenté, presque à genou, ma mélancolie aux mots de Christian Bobin. Il est de ceux qui me nourrissent comme on donnerait la becquée à une boule de plume frigorifiée par le moindre frima, réchauffée par un souffle d'esprit. Je reprends pieds, épuisée mais ravie, apaisée par ces mots qui bercent la vie. Peintres de la profondeur. Intensité qui s'insinue, m'invite au repos, mais au repos plein, voyage en terre spirituelle. Envie d'écrire que je consume avec délectation avant d'aller, simplement, flotter entre les mondes.
Prétention des humains de posséder. La terre, la culture, l’identité.
Funeste héritage que cette ambition furieuse de la propriété qui nous conduit à avoir, un conjoint, des enfants, une maison, un terrain, un pays. Avoir une religion ou des convictions. Avoir un poste, des collègues, des ennemis. Bien drôle d’altruisme qui nous pousse à nous différencier, nous opposer, nous liguer quand l’autre pourrait nous agrandir, nous inviter à la découverte de terres nouvelles. Pour cela chacun pourrait se poser la question d’être. Sommes-nous des conjoints, des parents ? Sommes-nous des collaborateurs, des salariés ?
Et que peut bien signifier être propriétaire ? Pour un rectangle dessiné dans un cadastre et payé au prix fort vous pouvez ceindre l’écharpe et vous octroyer le droit d’affirmer « ici c’est chez moi ». Pour un hexagone conquis en promesses et mensonges vous détenez le pouvoir de chasser le gibier au fond des forêts ou des camps de migrants qui ne possèdent rien aux yeux des nantis. Au nom de l’autre qui n’est pas moi et de l’utopique propriété, mus par la peur et le rejet des différences, nous avons des armes et des actes. Nous prenons des droits et des libertés, nous fusillons nos êtres aux remparts de nos cités. Brandissant les fourches épouvantables des voiles et des mœurs d’autres, qui pensent détenir la vérité divine, nous parvenons à unir moutons crucifiés et loups vociférant aux portes de Paris.
Si les humains mettaient autant d’énergie à connaître qu’ils en mettent à redouter, nul doute que nos rues vireraient du rose au gris des pavés qui n’appartiennent à personne. Citoyens de l’univers nous ne possédons rien, rien. Même nos corps ne sont que des costumes de location. Nous ne possédons rien que quelques minutes de conscience qui nous sont allouées pour comprendre que nous ne possédons rien de matériel, tout juste un peu de cœur que nous saurons peut-être ouvrir pour trouver la force d’être, ici, à présent, pour un battement de cil dans l’universelle humanité.
Droits des malades : vérité humaine, de l’antique au quantique.
Où il m’est demandé d’écrire sur le droit des malades.
Dans une société basée sur la performance ou plutôt sur la réussite, quelle place fait-on aux malades ? Nous pourrions en préambule définir ce qu’est, être malade, et en faire une description telle, que tout un chacun, à quelque instant, pourrait se reconnaître comme étant malade, la pleine santé n’existant pas plus que la perfection, tout étant question de temps car, quoi qu’il en soit, un jour la maladie devient visible à l’échelle de nos yeux humains et nous mourons, tous. Etre malade serait alors synonyme d’être en vie et la mort l’ultime finalité ou guérison. Ne se poserait plus la question du droit des malades qu’en termes de droits des personnes, droit à la vérité, à la reconnaissance, à l’inclusion, à la libre et pleine participation.
Mais de nos jours l’étiquetage est plus souvent réducteur qu’informatif, limitant que donnant droit à un traitement précis de nos singularités.
Ainsi « être malade » place la personne dans une caste dont on ne s’extrait que par la symptomatique guérison ou la mort prématurée. Durant cette période de maladie avérée publiquement, vous n’êtes plus tout à fait vous-même, vous êtes un vous-malade et cela à vos propres yeux également. Dans un souci de conformisme et de prise en charge à échelle planétaire vous devenez un patient recevant un protocole de soins lambda, à la queue leu leu dans un couloir, aussi encombré que la société devant la cohorte incessante et grandissante de ces malades qui voulaient tant être des personnes et montrer tout haut ce qu’elle avaient tant de mal …à dire ici-bas. Le maître mot de ces lieux de non-vie ? Le mensonge. Ceux des malades qui ont trop peur ou honte, ceux de familles et des soignants, pétrifiés d’ignorance et de bonnes intentions, privant le malade, pour le protéger, du choix de se battre ou mourir à la table de jeu, lui dissimulant ainsi les atouts qui étaient cachés dans la manche de son pyjama rayé.
Quelle ironie quand on a tant à dire, faire, vivre ! Mais c’est ainsi, c’est pour son bien, la vérité le tuerait, même s’il va mourir …
Puis, après quelques poudres de perlimpinpin, quelques électromagnétiques invasions et des regards qui aident à dire ou imposent le silence, vous êtes guéris. Ou pas.
Et chronos fait son entrée ; tout est question de temps nous vous l’avions bien dit. Certains entrent donc en résistance, dans tous les sens du terme. Et puisque aujourd’hui, de la résistance à la résilience nous avons franchi ce pas, ces certains se mettent à vivre avec. Les impudents. Car voilà ce qui m’effraie en ces jours de performance et de rendement, même les philosophies les plus libertaires, les penseurs quantiques, les explorateurs des multivers se sont mis en tête que la maladie pouvait, devait, être évitée, annihilée, tuée dans l’œuf. Qu’à l’avenir nous saurions traiter subtilement, avant même qu’apparaissent les symptômes physiques matériels pendant que les traditionalistes inventent l’homme bionique en pièces détachées. La dictature de la guérison hors de prix. Pire, le déni du pouvoir être malade.
Que ferons-nous, de nous, malades ? Parce qu’il y en aura encore et toujours tant que nous serons des mortels.
Que ferons-nous des réfractaires, des trop-humains pour être d’honnêtes bien-portants ? Les culpabiliserons-nous de déficits et de manques à gagner ? Les mettrons-nous au ban des citoyens désobéissants ? Les reléguerons-nous au rang d’assistés et d’oubliés du système ? Les traiterons-nous d’incapables à conceptualiser le monde comme une création de nos esprits unis ? Vivants de seconde zone, lambda, dans le meilleur des mondes.
Ne plus être malade, mais constater une modification du fonctionnement de son système immunitaire.
Se voir comme étant unique et pas uniquement malade.
Recevoir une réponse respectueuse de notre singularité.
Explorer, trouver, apporter, à soi comme aux autres le fruit de nos croisades en nos terres malades.
Nous ne parlerions alors du droit des malades qu’en termes d’écoute, de vérité, de reconnaissance. De singularité pour une prise en compte inclusive, garantissant une pleine participation, en toute liberté.
Nous serions des personnes, conscientes des possibles, tous les possibles.