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  • Si lit Marianne

     

    Combien de vies vivons-nous à chaque croisement de temps déplié ?

    Découvrant ce dimanche de printemps qui enroule ses minutes aux accords de Schubert je me surprends à fourmiller d'une attente confiante teintée de malice.

    J'ai pourtant mille choses à faire, lire, rêver. Et j'attends, amusée, je sens bien cette joie imminente qui ne demande qu'à éclore d'un éclat nouveau.

    Je suis un rosier rouge. Vingt demoiselles empourprées ornent déjà mon jupon mais du plus profond de mes racines je sais qu'à la plus haute branche se pare une incroyable. Je la sens frémir d'impatience, rose de plaisir à l'idée de surprendre tout le jardin. Entraperçue lors d'un voyage au pays des secrets codés je ne la connais pas comme on sait mais comme on ressent. Un dernier voile peut-être, une ultime étape d'étape. Touchée du doigt comme dans un songe, heureuse qu'elle soit. Tout simplement. Ce n'est qu'une question de temps, et le temps est une affaire humaine, un battement de cil d'une Vie qui nous traverse, émerveillés de multiples. Infinis, à chaque instant.

    Là, vous livrer ces quelques mots qui auront habillé d'arabesques chantantes et impatientes mon présent attentif aux souffles du violon, aux accords du piano dansés en d'autres lieux, d'autres temps, par quelques virtuoses.

    Avec vous attendre. Et puis faire, lire, oser. Aimer Tout cela. Refermer le carnet, c'est l'heure du goûter, des cerises et du thé.

  • Seule à voix basse

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    Avec ma solitude j'irai par les chemins qui mènent à la Durance, troquer la résistance en langueur nostalgique, l'effriter aux galets qui roulent dans le courant. Enchanter ma peine dans le souffle du vent, les larmes perlées émues du chèvrefeuille, d'un éclat de coeur, d'un rire d'oiseau. Si longue que danse la route, à s'en faire exploser les poumons aux parfums épais d'un printemps solaire.

    Seule, seule, seule, seule, avec ma solitude, au milieu de ce paradis peuplé de petits frères des cimes, sous le regard du rapace tournoyant, majestueux. Il n'est de pierre au chemin des ombres et des oiseaux. Filer grand train, décoller, s'envoler, survoler, rêver de long voyage. Aller jusqu'à l'eau vive, noyer l'ombre née des gouffres, puiser l'essence lumineuse des pensées sans mot. Pardonner. Essayer au moins. Un détail, une écorchure. Essayer au corps. Mesurer les arpents de rochers et de glace, et les printemps, et la cadence soudain joyeuse d'un coeur vivant.

    Au retour libéré, siffler un air ami, inondé de joie et de couchant. Rentrer à la maison.