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  • Sagesse de feuille morte

    Jardin noyé de pluie. L'automne a mené avec lui l'eau du ciel, salvatrice. Un automne doux, de renaissances.

    Enfin abreuvée la nature gorgée s'est offert un nouveau printemps, un supplément d'âme pour montrer que la vie est, patiente, tapie sous les sèches. Un éclat de verdure avant le grand sommeil.

    Là, dressée sur la nappe d'herbe crue, l'or élancé du prunier sauvage. Flamme éclatante d'un cycle qui touche au but. Or jaune d'un été glorieux, branches tendues au ciel d'azur.

    Et l'ondée s'est faite rage, puis déluge. Tonitruante Durance, mistral fougueux. L'été est mort dans la violence d'un sombre ciel au regard de cendres.

    Là, sur le tendre tapis, gisent les larmes dorées du vieux prunier.

    Vient l'ultime étape, éteindre un à un les soleils qui étoilent le jardin, pour les rendre à la terre.

    Pourrir, noblement, nourrir les futurs. Car c'est ainsi que vivent les hommes. Nature.

    Que naîtra-t-il de la rudesse ?

    Crachins, gelures, calamiteuses plaies viendront tourmenter l'hivernale nuit et quand les corbeaux, la sorcière et les êtres méchants, tous gonflés de nos peurs, s'arrogeront le printemps, il nous aura fallu du sauvagement doux et de longues veillées pour conter aux enfants la sagesse des pruniers.

    Aux armes citoyens et qu'elles soient de parole, d'actes clairs, coeurs purs, têtes hautes, vaillamment.

    Aimez-vous comme de l'or, vous qui n'êtes que des fruits, destinés à pourrir en regardant le ciel.

    Dans tous nos jardins les vieux pruniers sauvages, de la nature et des hommes sont souvent les plus sages.

    Pour qui vous pensez-vous qui prenez la parole, vous disant haut et fort maîtres des paraboles.

    Avez-vous seulement lu le livre des jardins car si vous l'aviez fait vous sauriez-vous nains, bienheureux sans le sou, aussi puissants que poux.

    Vous pensez écrire l'histoire, prétentieux humains, bruyants épouvantails qui ne verront demain. Votre langue est funeste, la pitrerie grotesque. Tout juste parviendrez-vous à dorer vos blasons mais n'égalerez jamais feuilles mortes au gazon.

    Taisez-vous donc alors et laissez la parole, à quelques feuilles d'or qui en savent plus encore.