De haute lutte
Nous avons passé le triste anniversaire. Neuf années se sont écoulées depuis ton départ pour le reste de ta vie.
Neuf années que j'essaye de recoller les morceaux de la mienne. Sans trop y parvenir.
C'est que le mal était bien plus profond qu'une simple rupture d'usure.
Personne, je crois, ne peut vivre dans l'illusion et le mensonge, sans en sortir profondément meurtri voire totalement déstructuré.
C'est mon cas je le crains.
La vérité crachée à la figure, des années plus tard, comme on viendrait passer une ex à l'acide pour la punir d'avoir simplement existé. Les vieux mensonges fermentés déposés à ma porte comme autant de boules puantes tel un sale gosse. Mais il ne s'agit pas d'une simple bêtise, d'un moment d'égarement. Non, il s'agit d'une trahison répétée chaque jour, pendant des années. De celles qui jettent un pot d'encre sur le journal intime de nos vies.
Ainsi nos vies n'étaient pas. Ainsi nos serments étaient de paille et notre foyer de papier.
Aujourd'hui je ne sais plus en qui croire, je ne veux plus croire en personne.
Regarde l'étendue foulée par tes pieds, elle ne se relève pas.
C'est que ces mensonges sont venus en percuter d'autres plus anciens, plus enfouis, plus cruels et dont le timbre résonne dans les graves. Les fondations bancales sont ébranlées, la construction fragile vacille puis s'effondre lentement dans l'amer.
C'est de ce "je ne suis plus" que j'essaye d'émerger, drapée de quelques guenilles en lambeaux de moi.
Dans ce monde fait de mensonges et de secrets putrides,
J'ai besoin de vérités et de douce lumière.
J'ai besoin de poésie. Et de musique.
C'est tout.