Pour ma famille, 2021 est sous le signe de changements importants.
William est dans son 2ème mois sous testostérone et de petits changements sont déjà perceptibles. Sa voix pour commencer devient légèrement plus grave, naturellement. J’insiste sur le naturellement car j’ai découvert il y a peu, au détour d’une conversation qu’il faisait l’effort constamment de contrôler son ton afin de limiter les aigus, s’évitant ainsi d’être mégenré par ses interlocuteurs. Imaginez quelques instants l’énergie dépensée à chaque prise de parole ! Je suis contente que la testo (la T pour les connaisseurs) lui apporte ce premier répit. Faire une transition demande un courage exceptionnel à bien des points de vue. Il porte des binders par exemple, un t-shirt compressif, mais la matière antidérapante gratte et les coutures compriment les côtes, une torture qui ne prendra fin qu’avec la mastectomie.
Le courage c’est aussi celui de toutes les premières fois. Premier coming-out en classe. Première fois dans les toilettes pour homme du lycée ou des lieux publiques. Première grosse réunion de famille sous son nouveau genre etc
Et bien évidemment tout ce que je ne vois pas. I
L’an scolaire prochain William va cohabiter à Montpellier avec Lola. ça me rassure tellement de savoir qu’il sera avec sa sœur pour les mois à venir ! Je suis très contente que Lola ait accepté. Elle assure grave ma Lola, diplômée en juin 2020, en juillet elle était au boulot, assistante régisseuse sur « Demain nous appartient ». En quelques mois elle a fait assez d’heures pour obtenir son statut d’intermittente du spectacle. Ce métier lui va comme un gant, elle si organisée et efficace ! William sera bien entouré ! Il va faire une formation de « Concept artist » vous ne connaissez pas ? Rassurez-vous, moi non plus !
Salomé devrait pouvoir aussi s’installer en tant qu’ostéopathe animalier dans le courant de l’année et ainsi pouvoir s’installer avec son amoureux dans un chez eux dont elle rêve bien naturellement depuis des mois. C’est Mister Corona qui est venu perturber le planning de sa vie. Corona et les vétos. Salomé est brillamment diplômée depuis juin 2020, inscrite au registre national des ostéopathes animaliers mais l’académie de médecine vétérinaire impose une certification supplémentaire pour avoir le droit d’exercer et Salomé doit passer un QCM de deux heures ainsi qu’un examen pratique devant des vétos. Mais l’examen théorique a déjà été repoussé deux fois à cause de l’épidémie, de novembre 2020 à janvier 2021 puis en juin 2021 avec interdiction de pratiquer sans cette certification. Vive la France j’ai envie de dire, interdire aux jeunes diplômés de créer leur entreprise et d’exercer le métier qu’ils ont pratiqué pendant cinq ans. Bien sûr comme elle a moins de vingt-cinq ans elle se retrouve au chômage non indemnisée sans RSA. Sans aucun revenu. Et son prêt étudiant qu’elle doit commencer à rembourser en août. Je suis furieuse que sa vie soit ainsi bloquée. La dépression pointe son vilain nez et j’ai peur pour elle.
Je lui souhaite de réussir en juin la théorie et la pratique quelques mois plus tard et d’être enfin soulagée de toute cette pression.
Je vais donc me retrouver seule dans ma grande maison.
Deux questions se posent : est-ce possible et est-ce souhaitable ?
Possible ? Forcément une organisation à trouver avec des auxiliaires au top et de longues plages de solitude et d’interminables nuits qui pourraient être insécures :/
Et financièrement un prêt immobilier qui court jusqu’en 2029.
Souhaitable ?
En écho à la publication de William Rejaut je dois me réinventer, encore. Oui encore car c'est un exercice qui s'est déjà présenté à moi plusieurs fois. Dès l'âge de 10 ans quand j'ai dû composer avec la maladie, la danse c'est fini ; puis à 20 ans quand j'ai dû composer avec le fauteuil roulant. Le couple et la pluri maternité ont été des adaptations heureuses et fondatrices. Puis il y a eu la descente en ligne droite vers la Provence où il a fallu tout recréer. Alors j'ai materné encore et encore, mes enfants, mon mari, des inconnus au rythme de mes activités associatives. J'ai mis au monde des produits, une entreprise, ce blog et de belles amitiés. Puis le divorce comme une bombe au milieu des fleurs. Alors j'ai materné essentiellement mes enfants, pour les réparer et les accompagner au mieux dans leur épanouissement et la quête de leur ikigaï, trouver la source de la joie de vivre en trouvant sa raison d'être.
Et voilà que c'est à nouveau mon tour de trouver une raison d'être. Une raison d'être personnelle, pas par procuration. Ne pas être spectatrice de la vie des autres. Tenir le premier rôle dans ma légende personnelle.
Pour l'instant j'enfile des perles, c'est comme rouler des cigares alors qu'au fond de soi on est philosophe.
il faut qu'une idée, une envie, émerge. C'est une belle opportunité pour se réinventer, à moi de la saisir et d'en faire un chapitre neuf ! Tiens "chapitre neuf" ça ferait un bon titre !
Ce chapitre pourrait-il être solitaire ?
La solitude ne m'effraie pas du tout. Je ne compte pas la présence des auxiliaires. Je parle de solitude affective. Être seule responsable de son présent. Un seul emploi du temps et une palette de possibles assez large bien qu'altèrée par le handicap et la Covid. Personne, et c'est heureux, pour décider à ma place mais personne n'ont plus pour rêver, imaginer, projeter. Je pourrais décider de ne rien faire que ça ne dérangerait personne. Je me suis longtemps mise de côté surtout pendant la crise de couple et que mes avis et envies dérangeaient le désordre établi. Alors j'allumais la télé et je regardais Grey's anatomy pour ne plus être tentée de réclamer du temps, de l'attention ou le droit d'exister. Ma place était là, mon droit celui de me taire. Quand j'ai décidé de l'ouvrir, ma gu...e, il est parti. Mes craintes étaient donc fondées. CQFD
Aujourd'hui je demande la vie, l'avis de personne.
Mais personne n'est pas de très bonne compagnie même s'il est plus agréable que monsieur grognon ou madame lunée. Il n'arrive évidemment pas à l'ongle du petit orteil de ma progéniture et associés. Et en plus il ne sait même pas faire le thé. Quel relou ce personne.
Alors à la question est-ce souhaitable il semblerait que la réponse soit négative dans la durée.
Edit de trois semaines plus tard : Aïe et youpi. Le temps d’écrire cette note laissée en mode brouillon et voilà que les plans ont changé !
Le premier déclencheur a été un revirement soudain dans l’orientation de William qui a mesuré qu’il y avait quand même plus d’illustration que de narration dans « concept artist » lors de son entretien de candidature et lui ce qu’il aime par dessus tout c’est écrire. Il était admis en MANAA (mise à niveau en arts appliqués) mais je ne voyais pas d’étoiles dans ses yeux. Virage à 180 degrés sur les chapeaux de roues, la fin des vœux dans Parcours Sup se profilant six jours plus tard. Le voilà donc postulant pour deux licences, LLCE anglais (langue littérature et culture étrangère) et Lettres modernes parcours Écritures, à Aix. Ses yeux se sont rallumés Ouf !
Les orientations professionnelles auront été bien laborieuses à chaque fois.
Nous avons traversé ce tourbillon d’avenirs concomitamment avec un épisode « le ramoneur qui ramonait la porte ouverte » et là essuie la suie de ci, de là, ici aussi, ici-bas et tout là-haut. Madame l’employeuse dudit ramoneur m’ayant parlé dans un langage si fleuri que je n’ose la citer ici, huissière sollicitée hissée pour essuyer constata que suie il y avait ici et là et surtout partout afin que sinistre oblige les assureurs assurent.
Et puis paf le destin, au détour d’un chemin ma Salomé a croisé une de mes amies qui finissait de repeindre…un appartement à louer ! Alors devinez qui s’installe avec son amoureux AUJOURD’HUI, à 350 m de la maison. Un saut de puce géographique mais un pas de géant dans leurs vies ! Volez haut les chéris et qu’un vent de bonheur vous accompagne !
Leur paquetage vite empaqueté, un appel à la fouille des greniers et garages amis les a dotés de l’essentiel ! Un élan de générosité qui fait très chaud au cœur
Bilan de cette note, solitaire c’est pas encore pour maintenant et mieux vaut ne pas laisser les notes en mode bouillon sous peine de péremption immédiate des informations !




un peu du travail artistique de Will
J’ai aussi lu La Familia grande...
