Pensées. Point à la ligne.
Dimanche, le dernier de septembre.
L'approche des élections a relégué l'épidémie au bas du classement des infos, maintenant on passe à l'étape troisième guerre mondiale ça va camoufler le désastre jusqu'aux élections. Désastre économique, l'Australie ne veut plus de nos sous-marins diesel. Forcément un programme de livraison sur 50 ans quand on sait qu'il n'y aura plus de carburant dans 50 ans de quoi refroidir les envies, à moins qu'il y ait une fonction pédalo sur nos sous-marins !
Bref l'ennemi désigné sera donc l'Australie ça tombe bien c'est loin. Les USA s'ils sont bonhommes nous fileront des miettes et on dira merci en remuant la queue. Je ne pensais pas écrire là-dessus mais bon…
Beaucoup de journaleux s'emparent de la question trans c'est souvent très mal fait, faux et tellement mal compris ! Bon OK ce n'est pas parce que mon fils est trans que je suis subitement devenue une spécialiste mais quand même ça fait mal de lire autant de bêtises sur un sujet aussi sensible.
Purée pourquoi je respecte les marges ; c'est pas bien les marges personne ne va me mettre une note. Bon sang il suffit d'une ligne rouge pour nous faire rentrer dans le rang. La désobéissance civile sera notre salut.
10 février 2022
Parce qu'il faut écrire !
Gros épisode bien flippant côté santé : violentes douleurs dans les doigts je pense tout de suite au pire : thrombose, vascularite, arthrite, on ne se refait pas !
Bilan sanguin : j'ai une grosse anémie. Ca craint, mais moins que mes angoisses…
Sinon Macron continue à faire joujou avec nos vies. Les hommes jouent à la guerre avec les hommes et les femmes avec les hommes, les trans contre tous et les non-binaires tentent d'être la Suisse.
Les êtres humains me semblent perdus à leurs propres yeux. Lost in Translation. J'aimerais que l'on revienne à plus d'humanité, de bienveillance. Tout est parti en couilles je ne trouve pas d'autres mots.
J'ai révisé les pays d'Europe : Autriche Allemagne Belgique Bulgarie Chypre Croatie Danemark Espagne Estonie Finlande France Grèce Hongrie Italie Irlande Luxembourg Lettonie Lituanie Malte Pays-Bas Pologne Portugal Roumanie République tchèque Suède Slovénie Slovaquie.
Les élections dans deux mois et nous allons collectivement réélire Macron le fossoyeur.
Les parents font la gueule, encore.
C'est insupportable.
Bientôt le printemps.
Nous devrions chanter la vie, danser la vie.
J'ai revu le beau Francis et son regard si doux, si triste.
Il faudrait tout changer.
Tout nettoyer.
Voilà.
Refaire du beau, du vert, du coloré. Remettre de la vie dans la vie.
Relever nos manches, tendre la main aux plus démunis, câliner les plus tendus.
Faire la fête et des bébés.
Être intelligents. Et gentils.
Moi, je ne supporte pas l'idée même de la guerre.
Les fanatiques m'effraient quel que soit le sujet de leur obsession.
On devrait chasser les maux avec de la musique.
J'ai des envies de militantisme non-violent.
La tâche est immense.
Mais.
Nous pouvons.
Écrire ce livre sur la lignée matrilinéaire est une gageure et je ne veux pas y laisser ma peau. L'arbre évolue bien, nous en sommes à la génération des psy : Julie, Jean-Max, et H ! On n'oblige pas les gens à changer mais le travail individuel fera la lumière.
Nous sommes les héritiers de drames anciens. Il est nécessaire de les voir comme tels pour les tenir à une distance raisonnable de nos vécus sans toutefois les perdre de vue. Leur pollution est persistante mais non irréversible. Irréversible n'est pas le bon mot. Ce qui est arrivé est arrivé. Les victimes ont souffert énormément mais notre compassion ne doit pas nous rendre perméable à tous leurs abus.
Je suis contente de mon niveau de compréhension du monde et des personnes, cela me permet de pardonner.
L'Humanité va mal. Que s'est-il passé ?
Nous n'avons pas su gérer notre propre violence. Que pouvons-nous faire ?
Produire ? Oui mais alors seulement de l'amour.
Prendre soin. De la maison Terre, des animaux, des humains, de nous, d'un JE à poil, tout ça en même temps.
Danser, danser, danser.
Le 6 avril Maxine m'offre le Bolchoï mais je n'ai pas de pass.
Nous avons laissé faire ça. Cette aberration. Cette discrimination absurde et irrationnelle.
Et comment allons-nous pouvoir revenir en arrière ?
La logique ne peut corriger ce que la peur a tricoté. Et encore je dis la peur, je suis gentille j'aurais pu faire appel à Machiavel, au sordide, au dieu business.
j’ai fait mille bornes en fauteuil, en deux ans, dans ma maison. Mobilité réduite.
Le scandale Orpéa et Korian m'a "réjouie", enfin un « me too dépendance » ; mais en à peine quelques jours le soufflé retombe et le titre remonte. Coup d'épée dans l'eau.
C'est quand même dingue tout ça.
Je pense à mes enfants.
Les chéri-e-s sont courageu-x-ses mais est-ce que ça suffira ? Sont-iels heureu-x-ses et le seront-iels à l'avenir ?
Je rêve d'un morceau de colline et de petits chalets autour d'une grande salle commune, d'un verger et d'un petit bois avec des cabanes perchées. Je vous assure quand on a quatre enfants on peut fonder un village.
Faire pousser des tomates. Cueillir des figues et des olives. Et le soir à la veillée, raconter des histoires en berçant les petits, des histoires du temps d'avant le plastique.
Comment ne pas sombrer dans la désolation devant l'état de notre seul monde.
Sommes-nous collectivement fous ?
Ou alors c'est moi ?
Cette question de la folie est ce qui imprègne l'aubier de notre arbre et cette sève est loin d'être douce. Ce jus effrayant remonte à l'internement de Marie-Florence durant 24 ans pendant lesquelles le monde a continué à tourner alors qu'elle est restée figée dans cette nuit terrible de mars 1902.
Il y a 120 ans. Combien de générations ont hérité de cette peur ?
Et je ne parle évidemment pas d'une peur consciente mais d'un parfum nauséabond de jugement, de scandale, de honte publique, suivi d'une mise à l'index aveugle et sourde à toute cause.
Clémence 17 ans au moment du drame.
André née en 1923
Nicole né en 1942
Marie en 1969.
Avais-je peur d'être un peu folle en 1979 quand je suis tombée malade ? Oui bien sûr que oui, sinon pourquoi les médecins du CHU auraient proposé un accompagnement psy ? En même temps il y a peut-être des façons de proposer à une enfant de 10 ans qui a des choses à cacher.
Quel dommage. Cela m'aurait sans aucun doute tellement aidée !
Une proposition. une seule. que j'ai refusée.
Je vois certains de mes pairs Handicapés, dotés d'une vaillance, d'une confiance en eux qui les porte, les illumine de l'intérieur et souvent ce souffle de vie est leur héritage.
Chez moi, chez nous il y a encore du ménage à faire.
Bon j'ai fait tomber le capuchon de mon feutre donc je vais devoir continuer à écrire…
On ne vit pas impunément ces vies porteuses de handicaps lourds sans payer un tribut intellectuel, spirituel.
Ma vie me convient, elle n'est pas faite de plaintes, de regrets ou de jalousie ; mais elle est jalonnée de pourquoi c'est advenu et comment le vivre au mieux.
J'ai découvert il y a peu que dans les familles détentrices d'un secret de famille il y avait une tendance à tuer toute velléité de curiosité dès le plus jeune âge ce qui a pour conséquence fâcheuse de casser un phénomène indispensable aux apprentissages : la mémorisation.
Moins tu en sauras, mieux tu te porteras. Sois obéissant. Ne pose pas de question. Tu es trop petit. Seuls les adultes comprennent et toi on va te garder bébé. Longtemps.
Je vous laisse imaginer l'état d'un jeune plant à qui on demande d'ignorer l'état de ses racines.
Mais savoir, se souvenir, est dangereux donc interdit en un seul mot. Inter-dit en deux mots c'est plus joli.
Combien de fois avons-nous entendu "Ça ne te regarde pas."
Ça ne te regarde pas. La violence de cette phrase.
Comme si les anciens n'étaient pas aussi nos anciens. J'utilise ce mot à dessein parce que ce sont nos passés qui font nos présents et que même si l'arbre porte son lot de fruits compromis c'est mieux que pas d'arbre du tout. On ne peut vivre sans racines. Et puis si ça ne nous regarde pas, qui le fera ?
Je me demande parfois pourquoi mes parents ont eu des enfants. Qu'avaient-t-ils à nous donner ? Ou leur fallait-il quelqu'un pour partager le fardeau ? Si j'écrivais ce livre que se passerait-il ? Le monde continuerait à tourner, la troisième guerre mondiale adviendrait, le système s'effondrerait ?
Mes enfants auront-ils des enfants ou sont-ils "la dernière génération" ?
Je dis parfois que je ne peux pas avoir écrit « le dernier homme est une femme » sans avoir semé cette graine duelle de l'espoir et du doute. Je dis aussi que la conscience est inconfortable. Il y a quelques jours je parlais avec Lola du monde, de l'avenir et du fait de devenir parents, mettre des enfants au monde, du sens de la vie.
Être une maman a été et est encore pour moi un moteur surpuissant et un bonheur de chaque jour. Quelles seraient leurs vies, leurs motivations, sans enfants ? Certain-e-s de mes ami-e-s n'ont pas d'enfants pour diverses raisons. Iels me semblent heureu-x-ses, ce n'est pas la question qui me taraude.
Il me semble juste que je n'ai pas laissé cette possibilité, cette liberté à mes enfants. Devenir parents étant comme inscrit dans nos gènes.
Bon je me rassure en me disant que mes enfants ont une liberté d'être qui n'est plus à prouver. Mais j'ai peur que ce choix relève plus du renoncement triste.
Qu'avons-nous fait à nos enfants ?
Y a-t-il d'autres freins que je ne comprends pas ?
Avoir des enfants c'est voir vieillir ses parents ?
Vieillir soi-même ? Renoncer à l'enfance ?
C'est fou. Et iels n'ont même pas été difficiles à élever. Sont-iels où ont-iels été si malheureu-x-ses ?
Mes chéri-e-s, j'aimerais tant pouvoir leur prédire un avenir radieux fait de rires d'enfant et de chants d'oiseaux.
C'est comme une symphonie discordante. Être au clavier et appuyer compulsivement sur les mauvaises touches ou plutôt dans le mauvais ordre.
Est-ce le piano qui est désaccordé ou le pianiste ? Sans doute les deux non ?
Il ne s'agit pas d'inconciliables mais de lignes d'équilibre à retrouver. On ne peut pas tirer sur la corde sans fausser le balancier.
Trop d'humains. Trop de consommation. Trop de violence. Trop de drames. Trop de haine. Trop d'égoïsme. Trop de bêtise.
Où sont les bienveillants, les respectueux, les gentils, les amoureux ?
Où sont les penseurs, les intelligents, les généreux ?
Ah bon sang. Quel drôle de monde.
On va gratter du papier. Arrêter de se faire un sang d'encre. Il y aura une voie. Un pas après l'autre. Jour après jour.
Faire les semis et rempoter les orchidées. Et écrire ce livre. Faire ma part. La rendre concrète.
Bon allez, ensuite la suite.
Et Lola m'a dit qu'elle ne m'en voulait pas de l'avoir mise au monde et que ce jour de notre discussion elle était heureuse. Je lui ai dit qu'il en irait de même pour leurs enfants.
Pour une fois j'aimerais avoir raison.
Commentaires
Waouh comme d’habitude j’aime ce que tu écris c’est clair et limpide tu tapes haut et fort tu dis les choses comme elles sont j’ai retenu la phrase du jeune plant et de ses racines j’aime tes références tes anecdotes tes coup de gueules tes rencontres commençant par un F une fois de plus je te dis bravo ❤️❤️❤️