Le roi invisible, les tulipes et les rats musqués
Sur une terre singulière de nature multiple,
un jeune roi invisible cultivait des tulipes.
Au plus que prolifèrent ses vastes champs fleuris,
le jeune roi couronné sans un bruit légifère.
Ploient les têtes sous l’averse toutes remplies bien trop lourdes
et si quelques ne se courbent, la plupart se dressent.
Le roi neuf ébahi n’en peut plus de compter,
les corolles, les bouquets tous faisant son succès.
De partout il ressème, les rues en sont masquées,
sans peine, sans haine, nul ne peut l’arrêter
Si pour grande partie rats musqués obtempèrent
voilà que certains hommes sont ici têtes en l’air.
Ils oublient de marcher, souvenir des colchiques
des printemps du passé, paysages bucoliques
A chacun son bouquet, son remède à son choix
Tout le long des chemins, vivant d’impunité, bons droits.
Et si les rats musqués en convois réunis
D’échanger leurs cultures sont bien sûr interdits.
Les voilà qui s’attablent à trois pairs six coudes
De ce roi invisible s’attachent à en découdre
Qui est donc pour chacun ce vil envahisseur,
Règne à germe virulent, amazonien vendeur ?
Amis imaginaires au nom desquels on tue,
Les multiples, les vertus et toutes diversités ?
Si pour vos têtes redressées vous craignez la tondeuse
Sachez que couronnés ne tondent pas dans les bois
Soyez mus, gais, sauvages et pourquoi pas des chênes
Et pour ceux qui le veulent et peuplent bien les villes
Iris bleus, blanches roses, volubiles potentilles
Par dessus les œillets et toutes les tulipes,
Soyez vous, soyez fous, semez à fin heureuse
La santé démuselée fera fi de la haine
Alors les rats musqués iront de bon aloi
Et les rois invisibles n’y feront plus leurs lois.
WML