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J'ai testé pour vous

  • Lumières

    Elle apprivoise la lumière pour sublimer les ombres folles, mères de la source prodigue.

    Au cœur des noirceurs et des secrets enfouis naît la plus pure des eaux qui jaillit d’entre les roches dures.

    Chatoyante, claire-obscure, ajourée, changeante, Salomé me demande quel mot ou expression utiliser pour décrire la lumière au travers des arbres. Quelle colle, voilà que je sèche. D’autant que celle du printemps n’est pas celle d’automne et celle du matin aussi unique qu’est singulière celle du soir. Avec ou sans brume et volutes parfumées ? Eclaboussée de scintillements de rosée ou craquante de feuilles rousses et piquées ? Animée d’un éclair vif aux rebonds de l’écureuil curieux et craintif tout à la fois ou se mirant aux calmes rides d’une flaque d’eau brune ? Ode aux lumières ludiques des sous-bois de nos enfances, émois crus et impudiques des verts printemps, turgescents de vie, bains chauds et enivrants d’une forêt au cœur des étés lorrains quand l’abeille alourdie emporte son butin d’or, dans un vol comme saoule.

    Un jour d’examens partiels auxquels il me semblait avoir échoué je nous avais emmenées, ma peine et moi, aux vieux étangs que j’avais découverts par hasard au détour d’un virage de la route qui reliait Saint-Dizier et Bar-Le-Duc. Pour rejoindre les petites étendues d’eau aux reflets verts et mauves il m’avait fallu cahoter au pas sous une arche solennelle de grands arbres. Les troncs élancés de ceux qui devaient être des hêtres offraient à la voute végétale une solide verticalité digne des bâtisseurs sacrés, offrant à mon âme tourmentée un élan vers le ciel. La pénombre au tamis de verdure était douce et apaisante, traversée comme en songe de longs rais d’un soleil timide qui semblait inquiet et respectueux de ma confuse mélancolie. Quelques larmes froides tentaient de se frayer un chemin au nœud de ma gorge encombrée de sanglots qui, même eux, me semblaient inconvenants. Je ne pouvais échouer, j’allais noyer mes idées sombres au cristal ondoyant d’algues émeraudes dans lequel se reflétaient quelques nuages gris et lourds, annonciateurs d’averse. Au sortir du tunnel boisé et protecteur, les yeux plissés aux éclats, j’avais dû avancer à découvert. Ni pêcheur, ni promeneur pour contrarier mon funeste dessein. Si mon avenir me paraissait se fourvoyer dans une trop longue impasse, la voie elle, était libre.  Mon ironie ravalée j’avançais prudemment jusqu’à la rive, molle des lourdes pluies printanières, prenant garde qu’un collet de roseau n’exécute pas  prestement et prématurément, ma dernière volonté.
    L’étang Franchot, c’était son nom, qui émaillait cette forêt du Haut-Juré, le portait bien mal, son nom. Il me parut à cet instant sournois et plus que froid. Aucune libellule pour virevolter, ni croassement bucolique happant quelque mouche ou sombre idée, pour conter légende de prince.
    C’était une pauvre flaque froide. Je fis encore quelques pas espérant trouver l’endroit propice à mon acte et le courage à la hauteur de mon drame d’alors. Les corbeaux commençaient à se moquer et j’avais froid aux pieds comme au cœur. Accroupie au bord de ma délivrance, un long cri jaillit soudain du tréfond de ma poitrine. Le monde se tut. Et ce ululement de bête blessée répara soudainement mon âme, me soudant à la vie.
    Le soir tombait sur l’étang, il fallait que je rentre, rendre ce petit coin de nature à sa paix meusienne. J’avais, me semblait-il, échoué à l’épreuve de thermodynamique des fluides, demain la chimie organique  que j’adorais, me donnerait, peut-être, une seconde chance. 

     

     

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  • Mon amie la rose

    traumatisme,enfance,guérison,minotaure,asterion,rose


    On est si peu de choses et mon amie la rose est morte ce matin.

    Je ne voudrais pas que l'écrit d'hier puisse être le dernier. Il a des accents rageurs alors qu'en fait je ne suis plus dans ces reproches depuis longtemps.

    Ce qui a changé ces derniers temps c'est ma capacité à regarder les situations en face sans émotions perturbatrices et cela me permet de me poser de nouvelles questions pour aller plus loin.

    Bien sûr si un dialogue ouvert avec les protagonistes était possible cela faciliterait la compréhension des événements mais depuis toujours le dialogue vrai est impossible.

    Il ne reste que les traces et l'imaginaire du pire.

    Car oui je pense que souvent ce que l'on imagine est pire que la réalité.

    C'est qu'il en faut peu pour traumatiser un enfant.

    Quelques mots. Un geste.

    Puis le travail de mémoire vient creuser les sillons. L'esprit est comme pris au piège dans le labyrinthe et le Minotaure caché dans le plus obscur repli nous terrifie. Nous arpentons encore et encore les couloirs sombres de nos traumatismes à en user le pavé et la semelle de nos godillots. Si le traumatisme primal nous est inconnu ou inaccessible, nous nous heurtons aux murs à chaque changement de direction et le Minotaure reste un monstre chimérique. C'est peut-être que ce n'est pas la direction qu'il faille changer mais notre état d'esprit.

    Alors vient le temps des stratégies.

    Nous allons négocier avec le traumatisme.

    La plus simple des stratégies est le déni mais c'est aussi la plus dangereuse car vous allez nourrir le Minotaure avec l'énergie surpuissante de l'inconscient. Choisir le déni c'est marcher à reculons, les yeux bandés et prendre le risque de tomber dans un puits sombre et profond, peuplé de créatures démoniaques. Auriez-vous un jour le courage d'y descendre volontairement ? J'en doute. Mais un traumatisme nouveau même minime peut à tout moment en ouvrir la trappe sous vos pieds.

    Si votre déni vous a doté d'ailes de cire et de plumes vous pourriez être tentés, tels des Icare de télé-réalité de chanter « je vais bien tout va bien » vous condamnant ainsi à battre des ailes et brasser du vent sans cesse car c'est alors tout le sol du labyrinthe qui serait l'entrée du puits vous interdisant le repos ; et monter plus haut assurerait la chute.

    Avancer vaille que vaille sans jamais se retourner c'est ignorer qu'un élastique de longueur variable vous relie au Minotaure et que plus vous allez avancer et plus cet élastique va se tendre et pour amoindrir votre effort vous allez prendre des virages de plus en plus souvent, croyant faire face a des vents contraires. Mais, comme tout système dynamique, cette avancée à marche forcée aura des limites, vous condamnant au mieux à un surplace laborieux chahuté de vents changeants et au pire à un renvoi brutal aux origines de votre traumatisme écrabouillé, vous éclaboussé d'une bouillie sanglante de Minotaure devenu incompréhensible.

    Après le déni vient la stratégie de la conscience passive, la tétanie prudente. Je sais qu'un monstre est là quelque part. Je le sais je vois son ombre au mur de ma caverne refuge qui n'est en fait qu'un carrefour saisissant. Cette ombre se mêle à la vôtre à chaque mouvement. Mais que va-t-il se passer au déclin du jour ? L'ombre projetée va grandir, grandir jusqu'à vous engloutir, tout entier.

    Alors quoi ?

    La guérison est un plan complexe qui se déroule par étape.

    L'urgence consiste à se mettre à distance de sécurité du trauma ; pas trop loin afin d'en avoir une image précise ; assez loin afin qu'il ne puisse pas aggraver la blessure.

    Ensuite faire péter le plafond du labyrinthe, laisser l'alternance des jours et des nuits nous donner la cadence.

    Chaque jour œuvrer, contempler, observer chaque encoignure, les inscrire en conscience.

    Sentir les pierres solides sous les pieds, prendre conscience de ses capacités actuelles faire un état des lieux et commencer à imaginer quelle sorte de lame pourrait vous être utile, qu'elle sorte de l'âme.

    Vous nourrir de connaissances et de travail bien réalisé. Vous préparer à affronter le monstre.

    Durant les nuits, se souvenir des jours chauds et lumineux. Palper vos armes nouvelles, cultiver votre réassurance. Bercer l'enfant de souffrance pour apaiser ses douleurs et ses craintes. Lui dire qu'à chaque nouvelle acquisition vous devenez plus habile, plus fort.

    Un matin se mettre debout. Être grand. Décider qu'il est temps.

    Alors ce jour vous saurez que vous êtes à l'exacte bonne distance du Minotaure.

    Trois choix vous seront alors offerts. 

    Si le traumatisme est ancien, devenu énorme, nourri de déni, lourd de conséquences douloureuses, alors de votre lame la plus puissante vous devrez « lui faire la peau ». Avec amour. Amour pour vous. Et au soir tombant, informer l'enfant de la mise à mort ou de la condamnation à vie, officielle et juste de son bourreau. Toucher le Minotaure de la pointe acérée du glaive de la justice c'est rendre possible sa transformation en un pilier de marbre et de pouvoir s'élever dessus.

    Mais peut-être que le traumatisme est secondaire ou de moindre envergure, pas si effrayant que ça finalement et que vous voudrez juste vous en libérer.

    Alors, parce que l'élastique aura la tension idéale, vous couperez une à une chaque fibre qui vous relie à lui et à la dernière section chaque demi-brin tombera mollement au sol, sans vous blesser, sans réveiller le Minotaure endormi. Vous lui direz au revoir et merci et vous poursuivrez votre quête d'un plus loin, l'enfant soulagé perché sur vos épaules.

    Si l'enfant pense que le trauma compte pour lui alors, en gardant arme au côté et idéale  distance, vous emmènerez avec vous le Minotaure domestiqué. Avec vous, comme en laisse, ce choix vous demandant une vigilance de chaque instant.

    Et si malgré vous l'affrontement a lieu lors d'une nuit froide et sombre, souvenez-vous des jours lumineux et soyez la lumière car vous n'êtes pas vos traumatismes. Tenez-le à distance vaillamment avec vos armes anciennes. Ce n'est pas le moment d'allumer la forge aux flammes dansantes, mères de géants agités. 

    Rassurer l'enfant effrayé et rappelez-vous que l'autre nom du Minotaure est Astérion « petite étoile » et promettez lui qu'un jour, vous apprendrez auprès des anciens comment faire la bonne lame et que vous en ferez une.

    Au matin suivant, faites-le.

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  • L’impossible choix

    vaccin,covid,corona,polyarthrite,auto-immune


    Je suis née en France en 1969. J’ai failli mourir de la coqueluche à 3 mois. J’ai fait des crises d’asthme de cette date jusqu’à mes 3 ans. J’ai reçu tous les vaccins existants à cette époque, des injections de gammaglobulines et j’ai passé trois étés en cure à la Bourboule. J’ai encore aujourd’hui des souvenirs d’étouffements et je ne supporte pas un drap sur le visage même en cas d’attaque de moustiques voraces.

    Quand à l’âge de 10 ans, alors que je venais d’être admise au conservatoire de danse, j’ai été diagnostiquée comme étant atteinte d’une polyarthrite rhumatoïde juvénile chronique, mes médecins ont évoqué un possible lien entre la PRC et la vaccination renforcée dont j’avais bénéficié dans ma petite enfance. La consigne de l’époque était d’une clarté absolue : plus aucun vaccin. Ce qui fut respecté, à la lettre.


    Imaginez, vous avez dix ans, une terrible maladie ronge vos os au point de faire totalement disparaître vos articulations comme si vous n’en aviez jamais eu, vous souffrez le martyre physiquement et psychologiquement car la danse c’est fini vous dit-on et les médecins potentialisent un lien entre les vaccins et votre état. Vous grandissez. Personne ne revient sur cette interdiction de vaccination. Vous connaissez les symptômes et conséquences du tétanos chez les humains, ben oui vous vous renseignez quand même sur les risques que cette interdiction implique. Vous flippez grave. Vous flippez d’autant plus que les médecins ont également parlé d’un risque de non consolidation si jamais vous veniez à vous fracturer un os. Vous dont le corps était l’instrument de beauté et de grâce, objet d’exultations quotidiennes à chaque arabesque, chaque grand-écart qui vous valaient en prime, étonnement et admiration.
    Vous voilà réduit à votre système immunitaire défaillant qui semble avoir hérité d’un appétit pour l’autodestruction absolument insatiable.
    Mais vous grandissez quand même, sans vous casser un os, ça la PR s’en charge un peu plus à chaque crise, même quand vous jouez à qui peut sauter du haut de la casemate, après tout vous avez onze ans et votre challenger, le voisin, d’un an votre aîné, est beau comme un dieu. Et sans contracter le tétanos même si cela vous arrive d’aller ramasser les vestiges rouillés des deux guerres sur les champs de bataille cabossés de la campagne verdunoise.
    Puis un jour vous avez un enfant. Un nourrisson doté d’un carnet de santé dont les pages au bord rouille commencent par le calendrier vaccinal.
    Vous avez envoyé balader les médecins et leur incompétence depuis quelques années déjà. Mais vous n’êtes pas non plus dans les médecines alternatives, ce n’est pas votre culture familiale et les violentes déceptions causées par les tentatives maternelles désespérées entre acupuncture et gélules de poudre de moules et autre ginseng, vous ont amené dans une sorte de no-médecine land bien que vous avalassiez consciencieusement et sans question 40mg d’anti-inflammatoires et un protecteur gastrique chaque jour depuis des années.
    Mais vous avez la perle des pédiatres et, tranquillement, elle déroule le calendrier vaccinal de votre enfant. Avec votre conjoint vous estimez que votre famille est déjà suffisamment hors-normes et vous oscillez entre profil bas, craignant plus que de raisons les services sociaux, et cette insoumission de nature qui vous habite depuis toujours. On vous dit de vacciner, vous vaccinez. Parfois un peu en décalage, toujours avec la boule au ventre. Mais vous vaccinez.


    Puis un jour vous quittez la docile bourgeoisie nancéienne pour vous expatrier chez les insurgés mangeurs d’ail et d’huile d’olives. Ici c’est la campagne. Les gens sont durs à l’ouvrage, testards et centenaires ou vieux à soixante ans. Usés les maçons, claffis de cancers et de leucémies les agriculteurs. Le verger de la France est le fournisseur de la belle-mère de Blanche-Neige et les nains ouvriers y tombent comme des mouches.
     
    Ici rouler vite, mal et bourré est un sport régional, faites votre prière estrangers !
    Ici la loi elle escagasse !
    Ici une communauté belge de libres penseurs, entretient l’insoumission éclairée, la liberté de penser, le developpement d’un soi intérieur souverain, la bonne santé par l’assiette.
    Ici le tissu médical est de toutes les défaillances, incompétences et je m’en foutisme  mêlés.
    Ici vous devez être votre premier médecin sous peine de danger de mort à la moindre hospitalisation.
     
    Ici, comme partout ailleurs, vous devez faire un choix. Vaccin ou pas vaccin.
    Là vous vous réjouissez lâchement que vos enfants soient tous majeurs (dans 16 jours) et vous déposez délicatement la boule puante au creux de leurs mains jointes, pourvu qu’elle ne se casse.
    Vous êtes terriblement conscient de votre incroyable, effroyable et banale singularité. La société ne prévoit plus aucune case pour vous. Vous faites aléatoirement partie des inutiles, des cas sociaux, des fainéants échecs de la pensée crétins égoïstes mauvais citoyens chochottes d’antivax, végans  même si vous êtes juste végétarien, théoriciens du complot, casse-couille à temps complet, démon aux yeux de votre mère et cauchemar des statisticiens.
    Et pourtant vous existez, encore un peu.
     
    Encore un peu car quelques pensées de solution finale vous traversent l’esprit afin de mettre un terme au dilemme non de vous faire vacciner ou pas, mais de continuer à vivre dans ce monde-là.
    Alors vous les entendez déjà les professeurs de pensée, vous dire que vous exagérez , vous traiter d’enfant gâté, vous qui vivez de pensions sur le dos des honnêtes travailleurs qui, eux n’ont d’autre choix que de passer à la piqûre.
     
    Mais où est l’espoir ? Où est la lumière au bout du tunnel ?
     
    Sommes-nous condamnés à vivre dans ce monde de menteurs-manipulateurs, ce monde de violences et de défiances, ce monde abimé, divisé, opposé ? C’est donc cela que nous allons léguer à nos enfants ?
     
    J’entends gronder le tonnerre. Et j’ai mal.
    J’ai mal à mon humanité. Et j’ai mal à ma terre.
     
    Sans doute que je pense trop, ou mal.

  • Les notes du cahier printanier

    les petites notes de mai, le coeur qui bat, les heures jumelles, écrire pour l'aventure :

    http://www.manu-autourdumonde.com/2017/08/comme-une-vie-a-la-mer.html

    les heures jumelles

     

    Et dans le cahier le récit d'une expérience née d'un temps de chaos pour une famille d'amis avec qui nous avons cohabité à la maison pendant 4 mois de mars à juin. Temps de solidarité et de guerre avec la municipalité dont je fais pourtant partie ...

    Nous vivons actuellement à deux familles. C’est un mélange doux-dingue et si vous pouviez y assister vous verriez que ce qui se voit en premier c’est beaucoup d’amour. Comme si la mise en commun de nos destins avait érodé nos aspérités car, ce qui se permet dans l’intimité d’une famille, s’assume beaucoup moins devant témoins. Le regard des autres mais aussi leurs exemples sont venus nous enrichir mutuellement. Les conflits individuels se diluent dans le groupe, les tensions s’oublient dans un rire ou le parfum des gaufres qu’un ou une aura confectionnées à dessein, pour régaler les petits ou récompenser les ados d’avoir planché sur leurs maths. Nos familles en miroir nous ont invités à nous pencher sur la notion de propriété, de partage, de solidarité d’entraide de respect de chacun, de liberté et de responsabilité, d’organisation. Les journées se sont enrichies de discussions, de projets de preuves de courage et d’encouragements, d’humour et de joie. Nous avons partagé nos peines et nos combats, nos connaissances et nos compréhensions. Oui, sans aucun doute, de mon point de vue, nous sommes aujourd’hui, malgré l’épreuve, plus forts.

     

    Et pendant ce temps je guettais le chèvrefeuille :

    http://www.lesfemmesendisent.fr/archive/2018/05/01/a-nos-printemps-6047934.html

    et le rossignol,  celui qui ouvre les coeurs les plus fermés et ravit les autres :

    http://www.lesfemmesendisent.fr/archive/2018/05/11/rossignol-emoi.html

     

     

  • Rossignol émoi

     

    C’est dans le souffle du violon que j’entends le rossignol et que, si je ne sais voler, j’aime à les écouter, les accents plaintifs et mélodieux de leurs chants, épousant la douloureuse harmonie de mon âme émerveillée par la mélancolique splendeur. Naître à l’aube du déclin, mourir le jour des renaissances, porter en soi le Tout et les néants, être le parfum du chèvrefeuille plus que ses branches, survivance subtile n’existant que par la terre, le soleil et le vent, imperceptible à ceux qui ne savent faire silence, là, entre deux. Méritons-nous les merveilles et la cruauté de nos destins, faut-il essayer d’être des mouches pour enfin ressentir l’éternité ? Enantiodromie dantesque de l’être s’il ne conjugue le rien avec le toujours, la douleur et la musique, les larmes des fleurs et les aurores du printemps. Simplement grandiose.

    Ne plus avoir aucun avis, mourir à tous les choix, s’offrir à toutes les fins, grandir à chaque perte, s’attacher au vide et, dans un rire, s’élancer dans la diable danse.

    Diantre, terrible vie, vois comme je t’aime !

  • Jour de vent

    Une petite note écrite voilà quelques jours de mistral, les gens d'ici le savent bien, ce vent vous rend fous, fous mais pas à lier, fous à lever les voiles !

    En ces temps de vents et de brouillards, confusion montre son visage de cendres et de brumes, fardée comme une putain et les langues sont épaisses sur les lèvres desséchées. 

     Aujourd'hui je me libère, ainsi va la plume au gré du papier, du temps et des oiseaux.

    N'entendre, que ce chant, sous les assauts du vent.

    Ils sont devenus fous ! Brasseurs fermentés, gargouillis d'intestins et pensées frelatées.

    Aujourd'hui me libère, j'éteins le plafonnier. Ces minutes sont précieuses et faciles à gâcher. Quitte à les dépenser j'aime autant les écrire. Pas à pas égrener chaque souffle, brouillonne.

    Mon cerveau est confus, bourdonne, tance et condamne ; mais mon âme vagabonde entre feuille et campagne. Ne vous méprenez pas, pas celle des oriflammes, celle des champs humides et des airs profanes.

    Dansez, sifflez, bruyantes vapeurs ! Une bonne fois en finir pour épouser les choeurs !

    Aujourd'hui me libère, offre un rituel, pur jus, pur soufre, trop enfermé serré pour une boîte crânienne.

    ça cogne de plus belle, à soulever le fond, remuez bien la lie,mélangez les humeurs et voilà que ça tourne et les mots sont mêlés, ventrelus, échevés, la bouillie foutreniaise, raison dépitoyable sans latin ni trompettes.

    Mi-chahut, mi-chaman.

    Aujourd'hui me libère, j'irai humer la brume, lumière d'or et de sang, jusqu'au son des trois lunes.

    Voilà que ça s'apaise. C'est fini. C'est passé.

    Et maintenant. Soyez.

    Nul besoin de voter pour ou contre les autres.

    En ces temps de mistral soyez qui vous voulez, pas esclave servile à vous-même loyal.

    Le vent de la croyance, brise à vos embarcations, voile et dévoile vos êtres de chair.

    Voyez ce que vous croyez.

    Mais n'oubliez pas de décroître pour mieux lever les yeux. C'est la terre qui nous forme, le monde qui nous élève, la vie qui nous nourrit. Et l'esprit nous contemple. C'est ainsi que vivent les gens libres.

    Si quoi que je fasse je perds mon temps, j'offre mes mots aux jours de vent.

  • Les chevaliers de l'arche - Le décor

    L'heure est peut-être venue de vous parler de l'expérience que je viens de vivre. L'expérience physique est passée et pourtant je ne redémarre pas encore "intellectuellement". Quelque chose me dit que je dois peut-être clore ou éclore ce voyage d'une autre façon, en le partageant peut-être. Façon ultime de valoriser l'étape, en ne gardant pas uniquement pour moi les fruits de l'exercice. Puis mettre en oeuvre les promesses.

    Comment commencer ?

    N'étant pas Georges Lucas, par le début me direz-vous ;)

    ça commence donc, un vendredi matin 4 décembre 2015, un petit mouvement en prenant la douche, une sensation étrange dans la jambe, je me suis fait mal je crois, murmuré dans un froncement de sourcils. Le retour au fauteuil confirme que quelque chose ne va pas, je me cale, bouge le moins possible, toute la journée, faire l'autruche-guerrière qui met en oeuvre quelques pensées magiques qui rassurent et des saboteurs qui assurent, ne pas en faire un plat, pas une nouvelle fois, pas le temps, pas envie, pas maintenant. Et le voyage en Lorraine tout programmé, hôtel réservé, rendez-vous amies et anciennes amours impatiemment attendus et ce Noël en famille qui nous a tant fait défaut ces dernières années. Non, c'est non, et non, et non.

    Et si.

    Pourquoi ?

    Parce que c'est ainsi (font fond f'hon*) *interjection naturelle de l'ado qui est contre une idée et puis parce qu'il me fallait un troisième fond (d'oeil bien sûr sinon c'est moins drôle)

    J'ai tenu la journée mais le coucher du soir et la terrible nuit qui suivit, ne laissèrent la place à aucun doute, j'ai un grave problème au niveau de la hanche droite. Toute la nuit je me prépare, je réveille le vieux courage qui sommeille en moi, celui que je réserve aux hôpitaux, un vieux briscard à la peau tannée, un dur-à-cuire de la première heure, qui m'a déjà aidée à traverser tant de champs de bataille. Il ne fanfaronne pas. Il bougonne un peu, en écho à mes soupirs contrariés. Il faut bien dire que depuis l'accident de septembre 2014 (ah mais alors c'est ça le début ?), je ne l'ai laissé dormir que d'un oeil, combattant jours et nuits des douleurs perfides et insomniaques. Combat de titane, guerre d'os rouillés, vertèbres mâche-nerfs et muscles de pierre.  Je le sollicite bien moins qu'avant quand même, depuis de longues années maintenant d'autres chevaliers sont venus nous prêter main-forte, plus subtils, plus puissants que ma pomme et la seule force de caractère. Il y a dans nos rangs le vieux sage guérisseur-intérieur qui se reconnaît en Laurent qui est L'or-en, la force de l'Esprit des pierres et des prières à l'anagramme signifiant,  la puissance de la méditation qui ouvre le canal, l'énergie des guéris-sons, la vieille sorcière encapuchonnée qui communique en images et en langue des oiseaux et la plus jeune : l'âme-soeur, la vieille éléphante-chaman avec ses plumes, sa sauge et ses cailloux-cadeaux en forme de coeur à qui sait lire autre chose que des mots.

    En ce petit matin à l'aube usée, c'est au vieux courage que j'en appelle. En cet instant froid de décembre, n'être qu'un corps blessé au coeur vaillant. Composer le 15. Il est des lieux où les alliés de l'arche doivent savoir se faire puissamment invisibles.

    Chaque mot prononcé à partir de cet instant est sans surprise, du regard décontenancé du médecin du SAMU à son appel au tri, du couloir bondé des urgences du CH d'Aix au "c'est pas facile de lire vos radios" de la jeune interne qui m'annoncera quand même, triomphante que je n'ai "qu'une grosse sciatique" et que je vais pouvoir rentrer à la maison, avant de revenir, penaude, peuchère la pauvrette, une heure plus tard, avec un diagnostic de descellement total du cotyle, émis par un chirurgien orthopédique qui ne daignera même pas venir me voir sans s'appeler Gregory House pour autant. Les médecins et infirmières sont devenus pathétiquement prévisibles, cadenassés entre protocoles, charges de travail, annihilation programmée de leurs capacités dont en premier lieu leur liberté de penser par eux-mêmes. J'aurai un sourire triste et inquiet quand, trois jours plus tard, j'aurai enfin accès à cette radio, car un enfant jouant aux playmobils aurait compris que "la boule doit être dans la coupe " pour que l'articulation fonctionne, mais visiblement cette jeune femme était plus spécialiste de douche froide que de découpe de poulet du dimanche ; une enfance difficile peut-être, un stage en ortho à remplir des dossiers numériques au chevet du lit-porte ou du lit-fenêtre sans doute, pas devant des clichés de prothèses de hanche assurément. "On va vous mettre en chambre" claironne t'elle toute à sa joie de libérer un demi-box que je partage avec une gentille dame-cagole, car ou bien que aixoise, fraîchement liftée, qui vient de faire probablement un "accident ischémique transitoire mais c'est pas grave Madame" ...

    Samedi après-midi, je sais déjà que rien ne sera fait pour moi jusqu'au lundi. Commence alors une attente qui en fait de quelques trop longues heures va durer ...trente jours.

    Voilà pourquoi nous ne savons pas l'avenir. Monsieur Courage, aussi courageux soit-il, prendrait dare-dare la poudre d'escampette. Nous développerions illico moult stratégies d'évitement et à force d'éviter nous passerions à côté, - à côté de quoi  ? vous entends-je penser, de la lévitation justement ;) arghh allez va un petit zeste (avec ou sans e) d'humour ne sera pas superflu au cours de ce récit sop-horrifique, laidifiant et cruel. A côté de quoi ? insisteriez-vous, ne vous étant pas laissés noyer par mon poisson. Du potentiel de développement intrinsèque contenu pour vous dans la-dite expérience et de ses compagnons les sus-dits chevaliers. Ceux de l'arche qui, comme chacun sait, permet d'être dedans, par-dessus et au-travers tout à la fois. Voilà qui est dit. Et voilà qui éclairera peut-être ma précédente note qui propose d'aimer la vie pour tout ce qu'elle contient, on peut apprendre à tout aimer dans cette vie. Le conflit par exemple, non pas pour le conflit lui-même mais bien parce qu'il contient dans son essence même, tout le potentiel de Paix qui s'y rattache, et toutes vos possibilités de l'atteindre, la Paix pas le conflit. 

    Alors, rassurez-vous, il ne s'agira pas dans les épisodes qui vont suivre de transformer ce lieu qui m'est cher en bureau des plaintes, pleurs et complaintes, ni de vous raconter les longs hurlements nocturnes de la dame souffrant d’Alzheimer et d'une fracture du col du fémur de la chambre d'à-côté, ni de vous tirer les larmes en vous décrivant comme un homme qui souffre entre les mains de l'aide-soignante de nuit la plus incompétente qu'il m'est été donné de rencontrer, en vient à appeler sa mère tout en sanglotant et suppliant qu'on ne le touche plus. Maman, maman. Faut l'entendre pour y croire.

    Il ne s'agira (presque) pas de faire un procès à aux ARS(ouilles) pour les meurtres de nos hôpitaux publics.

    Il ne s'agira en rien de donner une quelconque leçon de vie / de courage / de cuisine macrobiotique.

    Mais alors ?

    Il s'agira de proposer un témoignage, d'explorer des possibles et des peut-être, teintés de pourquoi-pas & autres et si et si ... épissétout et c'est déjà beaucoup.

    Alors qu'on se le dise âmes non-sensibles s'abstenir car pour ce voyage en cet endroit l'envers est roi. 

  • De l'intention

    Jour deux de l'an 17

    Nous sommes en Vie. C'est un fait mesurable selon des critères physiques. Le souffle en mouvement. Sommes-nous vivants ? Qu'est-ce qu'être vivant ? Cela sert-il à quoique ce soit ou au contraire sommes-nous nuisibles ? Etre en vie est un miracle qui se suffit à lui-même ? Et si la vie n'avait d'autre sens que d'être ?

    L'an 2016 a été rude d'épreuves. Épurée. Nue. Expiatrice. Révélatrice.  Renaître quasi rien. Quasi.

    Certaines dimensions humaines me pèsent. Je m'agace puis je me souviens d'instants incroyables de conscience. Comment faire que ceux-ci transcendent ceux-là ? Tout choisir. Pas comme on trie mais comme on épouse.  Etre le hasard, sa propre chance.

    Je nous souhaite vos meilleurs voeux. Que les liens soient d'amour.

  • Jouez violons !

    Symphonie maladroite, cacophonie merveilleuse, initiation féroce, rite de passage en humilité, épreuve d'ultime résilience.

    Pantin absolu ou guerrière de l'impossible ?

    Finalement ce qui fait la différence n'est pas le résultat de l'expérience qui, quel qu'il soit est parfait, mais la façon dont vous l'évoquez, creusant, au creux de vos neurones attentifs, la voie. Votre voie. Ce chemin unique dont vous serez dignement fiers ou résolument honteux. Progresser, en conscience de ce qui vous motive intrinsèquement et du comment vous souhaitez percevoir vos choix dans l'avenir, donne au présent son éclat puissant. 

    Faire de son mieux, avec coeur, tout est parfait, sont de grands libérateurs. Etre d'humbles responsables résilients : la voie, les pas et le dessein. Il faut, pour cela, bien s'aimer. Gonfler son âme entière de confiance. Savoir trébucher et renaître trois fois. Dépouillé, dépecé presque, ne conservant peut-être qu'un infime voile, pudique et mystérieux, sur l'abysse intérieur ainsi visité, traversé, illuminé. Ainsi va la voie. Etre non pas parvenu mais parvenant.  Par vices et victoires, défaites assommoirs, renaissances subtiles. Légers, comme de la cendre, au son des violons.

     

  • In-dicible

    Partir méditer

    Être renversée par une voiture.

    Méditer.

    Seul le résultat compte.

    Dans la fulgurance de l'accident, la bouffée de colère évacuée dans une insulte, des pensées lumineuses explosent en moi, je suis en vie, ma conscience est bien présente, quelle chance j'ai eu, transcender ce contretemps sera essentiel. J'observe la panique de cette jeune fille, choisis immédiatement de rester calme, je suis de toutes façons un peu groggy par le choc à la tête et toujours ce sang qui coule, j'ai froid, j'ai si froid, de violents tremblements révèlent à chaque seconde des douleurs qui se précisent. Le pied, l'épaule et ce bras que je ne peux pas bouger, les hanches qui hurlent comme des sirènes. Il y a cet homme que je connais mais que je n'identifie pas, il parle au médecin régulateur, décrit mon état, me pose des questions tout en réclamant des couvertures aux personnes qui sont arrivées. Je plonge en observation de mon corps, prends garde de respirer le plus calmement possible pour apaiser les tremblements et éviter à tout prix de me contracter ce qui augmenterait excessivement la douleur liée au fait d'être couchée sur la route. Attendre. Que les pompiers arrivent. Lâcher prise, faire confiance à ceux qui sont là. Des visages connus se penchent sur moi. Mais Marie qu'est-ce qui se passe ? Je réponds que j'ai été percutée par une voiture. Je vois Michel, ou plutôt Jean-Michel, je suis à deux endroits à la fois, dans la profondeur de mon corps blessé et dans la gestion des faits de surface, je lui demande de s'occuper de mon fauteuil en sachant que cela implique que mes filles soient mises au courant de l'accident, je le supplie de les rassurer, puis je replonge dans l'inspection de mes blessures et commence le travail.

    Le travail ?

    Oui le travail. L'indicible travail de préparation aux gestes qui vont immanquablement arriver, mobilisation par les pompiers, transport, transfert aux urgences, transfert pour les radios et peut-être même les opérations car à ce moment là je me sens comme cassée en morceaux.

    Je me prépare à répondre aux interrogations des soignants qui seront perplexes devant mon anatomie, déstabilisés par la difficulté à "trouver une veine" ou une molécule que je tolère.

    Et je commence en parallèle le travail de guérison sur une pensée puissante "Ma petite cocotte tu as quinze minutes pour te réparer un maximum pour qu'en arrivant aux urgences ça soit le moins grave possible", je suis à ce moment emmaillotée dans le matelas coquille des pompiers.

    Je pourrais ne pas vous raconter cela, je ne vous demande pas de me croire ni de m'approuver. Je vous le dis dans cet esprit de partage qui anime "Les femmes en disent" depuis sa création.

    Depuis sept années que j'écris vous avez du sentir la profonde mutation que j'ai opérée dans la façon de me soigner et plus largement de vivre. Les rapports intimes entre mes pensées, mon âme et mon corps sont aujourd'hui plus conscients, plus harmonieux, accompagnés, guidés par quelques personnes que je pourrais qualifier de lumineuses si ce terme n'était pas galvaudé et terni par des vendeurs de chimères et des voleurs d'âmes.

    Souffle, circulation d'énergie, relaxation en pleine conscience, gratitude, confiance, croyance dans la métamorphose, tous les outils que j'ai pu croiser, comprendre, expérimenter, je les mets à cet instant au service de ma guérison. Je plonge profondément, à tel point que le pompier qui me surveille durant le trajet me rappelle à lui, hop hop hop, vous restez avec nous, me dit-il. Quelque part mon "mental" frappe déjà à la porte, pourquoi un tel accident en une si belle matinée, quel jour sommes-nous, encore en septembre. Je repousse les questionnements à plus tard me sentant déjà libérée de toute colère et dans l'acceptation d'un fait évident. C'est ainsi, j'ai été renversée par une voiture.

    Reste l'indicible invisible.

    Et le résultat.

    Il est 9h50 quand le véhicule entre dans le sas des urgences. Soixante cinq minutes se sont écoulées depuis l'impact.