UA-66561467-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ma vie secrète

  • Lumières

    Elle apprivoise la lumière pour sublimer les ombres folles, mères de la source prodigue.

    Au cœur des noirceurs et des secrets enfouis naît la plus pure des eaux qui jaillit d’entre les roches dures.

    Chatoyante, claire-obscure, ajourée, changeante, Salomé me demande quel mot ou expression utiliser pour décrire la lumière au travers des arbres. Quelle colle, voilà que je sèche. D’autant que celle du printemps n’est pas celle d’automne et celle du matin aussi unique qu’est singulière celle du soir. Avec ou sans brume et volutes parfumées ? Eclaboussée de scintillements de rosée ou craquante de feuilles rousses et piquées ? Animée d’un éclair vif aux rebonds de l’écureuil curieux et craintif tout à la fois ou se mirant aux calmes rides d’une flaque d’eau brune ? Ode aux lumières ludiques des sous-bois de nos enfances, émois crus et impudiques des verts printemps, turgescents de vie, bains chauds et enivrants d’une forêt au cœur des étés lorrains quand l’abeille alourdie emporte son butin d’or, dans un vol comme saoule.

    Un jour d’examens partiels auxquels il me semblait avoir échoué je nous avais emmenées, ma peine et moi, aux vieux étangs que j’avais découverts par hasard au détour d’un virage de la route qui reliait Saint-Dizier et Bar-Le-Duc. Pour rejoindre les petites étendues d’eau aux reflets verts et mauves il m’avait fallu cahoter au pas sous une arche solennelle de grands arbres. Les troncs élancés de ceux qui devaient être des hêtres offraient à la voute végétale une solide verticalité digne des bâtisseurs sacrés, offrant à mon âme tourmentée un élan vers le ciel. La pénombre au tamis de verdure était douce et apaisante, traversée comme en songe de longs rais d’un soleil timide qui semblait inquiet et respectueux de ma confuse mélancolie. Quelques larmes froides tentaient de se frayer un chemin au nœud de ma gorge encombrée de sanglots qui, même eux, me semblaient inconvenants. Je ne pouvais échouer, j’allais noyer mes idées sombres au cristal ondoyant d’algues émeraudes dans lequel se reflétaient quelques nuages gris et lourds, annonciateurs d’averse. Au sortir du tunnel boisé et protecteur, les yeux plissés aux éclats, j’avais dû avancer à découvert. Ni pêcheur, ni promeneur pour contrarier mon funeste dessein. Si mon avenir me paraissait se fourvoyer dans une trop longue impasse, la voie elle, était libre.  Mon ironie ravalée j’avançais prudemment jusqu’à la rive, molle des lourdes pluies printanières, prenant garde qu’un collet de roseau n’exécute pas  prestement et prématurément, ma dernière volonté.
    L’étang Franchot, c’était son nom, qui émaillait cette forêt du Haut-Juré, le portait bien mal, son nom. Il me parut à cet instant sournois et plus que froid. Aucune libellule pour virevolter, ni croassement bucolique happant quelque mouche ou sombre idée, pour conter légende de prince.
    C’était une pauvre flaque froide. Je fis encore quelques pas espérant trouver l’endroit propice à mon acte et le courage à la hauteur de mon drame d’alors. Les corbeaux commençaient à se moquer et j’avais froid aux pieds comme au cœur. Accroupie au bord de ma délivrance, un long cri jaillit soudain du tréfond de ma poitrine. Le monde se tut. Et ce ululement de bête blessée répara soudainement mon âme, me soudant à la vie.
    Le soir tombait sur l’étang, il fallait que je rentre, rendre ce petit coin de nature à sa paix meusienne. J’avais, me semblait-il, échoué à l’épreuve de thermodynamique des fluides, demain la chimie organique  que j’adorais, me donnerait, peut-être, une seconde chance. 

     

     

    lien image

  • Du droit de donner son avis

    Enfants,parents,silence,silences,handicap,maladie,amie


    Du plus loin que je me souvienne il me semble que j'ai toujours eu des difficultés à donner mon avis ou plutôt que j'en ai été empêchée.

    Du grand-patriarcal «seuls les adultes» ont le droit de parler à table, suivi par le cinglant et systématique «pfff n'importe quoi maternel» qui tuait dans l'œuf toute tentative d'intervention de notre part à la table familiale, toujours pendant les repas. Repas qui se finissaient têtes penchées sur nos assiettes, pour moi les joues pleines d'une nourriture triste et remâchée, à ruminer pendant de longues minutes ; ce qui me valait le sobriquet de marmotte. Margotte la marmotte. Et je regardais de grosses larmes couler le long du nez de ma sœur cachée sous sa frange.

    Mes bouchées finissaient à la poubelle et ma sœur dans sa chambre.

    Puis il y a eu la maladie. Lors de la première crise le médecin a dit «elle a du se cogner, non ai-je dit, je ne me suis pas cognée» (ou alors dans un mur de silence) mais personne ne m'a entendue, non je ne me suis pas cognée… Ma parole ne serait-elle pas audible ? Pas digne d'intérêt ?

    Et puis les médecins parlaient sur moi mais quasiment jamais avec moi ou alors pour vérifier si je suivais bien les consignes. Prends-tu bien tes médicaments ? Ne bouge pas. Arrête la danse.

    Alors je suis rentrée dans ma tête et j'ai tout gardé pour moi. Mes peines, mes peurs et toutes mes douleurs.

    Pour ne pas déranger. Pas faire de bruit.

    J'ai gardé secrets mes amours, mes questions, mes détresses. 

    Je me suis nourrie des vies des autres, j'ai lu énormément mais la plus jeune de mes tantes se moquait, prétendant que je choisissais de gros livres pour me donner un genre.

    Les adultes sont bien cruels parfois.

    Et quand mon corps a débordé de non-dits et que je m'auto-berçais, assise au bord de mon lit, face au grand miroir de mon armoire bleue, ma mère me disait, en passant dans le couloir, arrête tu fais pleurer ton père.

    Que mérite donc une fille qui fait pleurer son père ?

    J'ai caché mes premiers baisers, mes sorties nocturnes, pris des risques fous insoupçonnés jusque dans les salles de repos des casernes de la ville. 

    Embrassé et plaqué des gars sans un mot.

    Séché des cours juste pour être seule. Aimé passionnément des hommes qui n'en n'ont jamais rien su et souffert des jours et des nuits, en silence.

    J'ai souvent commencé des journaux intimes mais même cette prise de parole était vite avortée.  « Sur mon bureau il y a un chapeau de mariée miniature avec des dragées dedans. J'espère qu'un jour je porterai un de ces chapeaux et une robe blanche, et que ce jour béni je serai à ton bras mon cher Olivier. » Olivier Rochère je l'ai tant aimé. Je crois qu'il le savait. Et je crois même qu'il m'aimait aussi. Il a gardé mon cœur vivant, nous avions, huit ans, neuf peut-être.

    Je lisais la petite maison dans la prairie et Michel Strogoff. Racines et la nuit des temps.

    Le meilleur des mondes.

    Les quatre années du collège furent sans doute les plus sombres de mon existence.

    J'étais terrorisée par certains profs, les cours de langue et leurs oraux étaient une torture quand bien même il ne s'agisse que de perroquer quelques phrases. Where is Brian? Brian passait sa vie dans la Kitchen. Et moi dans ma tête.

    J'apprenais le grec. Sans doute pour faire mon intéressante, bien que personne de mon entourage n'ait une quelconque pratique des langues anciennes.

    Puis vint le lycée et son cortège de complexes. J'étais une bille en histoire-géo. Je ne retenais rien ou si peu. Les premières vraies dissertations. Réécrire la fin de Germinal, avec le professeur Rioux ? Hélène mon amie t'en souviens-tu ? Parce que oui, malgré mon mutisme intime j'avais des amies. Des amies qui m'aimaient comme j'étais. Pour mon côté petit clown aussi, mais je crois que ces quelques, encore chères à mon cœur aujourd'hui, savaient qui j'étais et qu'elles m'aimaient quand même.

    Je connaissais des dizaines d'histoires drôles que je racontais dans le bus qui nous ramenait à la maison et les histoires à frémir de LoveCraft et de Stephen King que je racontais avec une délectation certaine aux cousins et cousines horrifiés et quémandeurs à la fois. C'est peut-être là que j'ai commencé à raconter des histoires. Pour taire la mienne.

    J'ai abîmé des histoires d'amour dans des gouffre de silence. Noyé et perdu des amitiés dans les eaux troubles des non-dits jamais éclairés à la lumière apaisante des confidences. Je me taillais une solide réputation de fille libérée, sur des fondations de néant et de soliloque pensif et remaché. Comme les bouchées indigestes de mon enfance. Ritournelle entêtante qui occupait tout l'espace. Tout le corps de ballet sur la scène sombre de mon for intérieur. Bacchanale secrète et désordonnée jusqu'à l'épuisement. Je dormais peu. Lisais jusqu'aux heures invisibles du cœur de la nuit et me levais au petit jour frileux pas encore coordonné de soleil. Les parents l'ignoraient ou faisaient mine de, trop occupés à s'entre-déchirer, nous au milieu d'eux. 

    Est-ce que nos vies comptaient ?

    Alors, imaginez nos avis...

    Et pourtant il nous fallait exister.

    Alors nous sommes entrées en résistance. J'ai milité contre le racisme, arborant fièrement mon badge touche pas à mon pote, même chez papy le patriote. J'étais des manifestations étudiantes contre la réforme Devaquet, si tu savais ta réforme où on se la met, aucu, aucu, aucune hésitation.

    J'avais participé au comité de rédaction des tracts pour la manif et avais surtout eu le droit de me taire. Seuls les terminales, masculins de préférence avaient eu le droit à la parole. Je m'étais contentée de tomber amoureuse silencieuse silençamoureuse du leader de notre groupe. Il s'est marié quelques années plus tard avec une des meilleures amies de ma sœur.

    Seul Dieu m'est témoin que j'ai aimé ce garçon, passionnément.

    Le premier à qui j'ai réussi à parler « de moi » a été un de mes cousins avec lequel j'ai eu un lien épistolaire fourni. Lui vivait une rupture ô combien douloureuse et m'écrivait des lettres fleuve durant ses longues nuits de garde à l'hôpital. Lettre auxquelles je ne pouvais décemment pas répondre de quelques mots froids et laconiques.

    Ces lettres précieuses, conservées enrubannées comme dans le plus tendre des romans, sont restées prisonnières de leur boîte chez mes parents. En otage. Cette boîte contient une partie de mon âme. Des tickets de cinéma annotés de prénoms amis ou amants. Des cartes postales déclaratives « je t'embrasse de Paris » d'un jeune collègue de mon père, qui avait reçu pour tout écho un « je t'embrasse de Strasbourg » qui avait laissé mon prétendant sans aucune voie. Et probablement les premières lettres de celui qui allait devenir mon mari et le père de mes quatre enfants.

    Cette boîte a été pillée par ma mère. Je le sais car, dans la seule lettre qu'elle m'ait jamais envoyée elle écrit « j'ai lu tes lettres à ton cousin Etienne dans lesquelles tu lui dis que petite tu avais prié pour être malade. Quel esprit tordu. »

    Mon dieu, cette femme n'aura donc reculé devant rien.

    Ce qu'elle ne sait pas, c'est que ma prière avait un début qui disait « Dieu tout-puissant protège maman, protège papa, protège ma sœur. Et moi je veux…

    Je ne vais pas l'écrire noir sur blanc, je suis en bonne santé aujourd'hui et toujours un peu superstitieuse. Des fois, dieu exauce.

    Quand j'ai commencé à écrire mais surtout, quand j'ai commencé à avoir des réponses au sujet de l'histoire familiale maternelle j'ai subi un vent d'opposition farouche. On m'a conseillé de me mêler de ce qui me regardait. De laisser les cadavres et les fantômes dans les placards. De foutre la paix à « tout le monde » avec mes histoires. De laisser maltraiter sans rien dire. De regarder ailleurs. De fouiller la merde dans ma lignée paternelle.

    Et de me taire.

    Sous peine d'être vouée à toutes les gémonies, de mon vivant.

    Alors aujourd'hui, quand j'ouvre ma bouche sur le pass vaccinal sur les réseaux dits sociaux, qui sont faits pour cela, et que l'on me demande de penser en silence, ça ne m'étonne pas. Et ça me donne envie d'écrire PLUS FORT que plus personne, et plus jamais, ne me fera taire.

    Parce que j'aime mes enfants et qu'ils n'hériteront pas de mon silence.

  • Pourquoi maintenant ?

    Metooinceste, le hashtag #️⃣ qui invite les victimes d'inceste à témoigner, déverse depuis quelques semaines ses torrents de larmes. J'ai lu beaucoup de ces drames, des récits de vies abîmées qui tiennent en quelques mots qui, normalement, ne sont pas toxiques quand ils cohabitent. Qui énonce son tout petit âge, suivi du rang de l'agresseur familial, familier. Qui dépeint l'envers du décor de son île aux enfants. Le petit théâtre du coin de la rue,  marionnettes empalées, bâillonnées. J'ai écouté les six podcasts «Ou peut-être une nuit » de Charlotte Pudlowski sur Louie Media. Découvert ce mot : La silenciation. Et cette formule "être incesté, les incesteurs. 
    J'ai renoncé, confuse, à un peu de mon ignorance, au fil de leurs maux.
    Et puis je me suis demandé "pourquoi maintenant ?"
    C'est vrai il y a eu Balance ton porc, Metoo. 
    L'inceste est-il encore plus tabou que le viol et le harcèlement sexuel ? Est-il encore plus difficile de dire en avoir été victime ?
    La réponse est oui, mille fois oui. C'est difficile parce que c'est, de fait, la cause d'un drame familial autant que personnel. Alors les victimes se taisent, essayant de porter seules le poison, plus ou moins bien enfermé dans une fiole fragile qui pèse des tonnes. 
    Pourquoi maintenant ? Bien sûr, il y a eu ce livre "La familia grande" qui, comme à chaque parution d'un ouvrage traitant du sujet paraît-il, a soulevé un peu la chape de plomb qui fait office de couverture sur ces nuits enfantines d'horreur. La pression est montée d'un coup et la soupape s'est mise à siffler en tweets stridents. Une fille sur cinq, un gars sur treize sinon plus. Victimes comptez-vous. Tremblez bourreaux et bourrèles, jusque dans vos tombes. Depuis le fond des âges.
    Alors pourquoi maintenant ?
    L'effet introspectif du confinement et son cortège de dépressions et/ou résolutions y sont sans doute propices. L'apologie de la suspicion d'être infecté comme on est incesté, dans et par la cellule familiale qui n'a jamais aussi bien porté son nom qu'en ces prisons de temps longs, embastillés à demeure. À deux meurent. Chercher le R0 des incesteurs, dénoncer les clusters et les pedo-fêtes de Noël des voisins, bien sous tout rapport par ailleurs. 
    Au-delà de cette longue séance de canapé, il m'est venu à l'esprit que silence et soumission étaient le couple parental vicieux dont l'épidémique fléau dessinait le profil. Et que nos présidents, pères des nations tenues entre leurs mains et leurs lois, exigeaient de nous obéissance sans faille et mutisme contraint. Sous peine de sanctions immédiates : privations et mise en danger de toutes nos familles. Si tu parles, je te tue. Ça va tuer ta mère/ ton père. Si tu te plains on te dira fou ou menteur. Manipulateur.
    Alors, peut-être que, tous enfants du monde que nous sommes, sous l'effet de cette excessive pression il a fallu ouvrir le couvercle et que, de façon inattendue, ce n'est pas une rébellion contre un virus ou un gouvernement, dont le temps passera, qui s'exprime, mais enfin, enfin, la dénonciation d'un mal qui sévit au cœur de nos arbres-maisons, racines pourries, branches fragiles et feuilles tachées. 
    L'inceste tu, tue psychologiquement un enfant sur dix. Sept cent millions de personnes actuellement bâillonnées, maltraitées, torturées-violées, chaque jour. 
    Et que fait-on ? Rien. 
    C'en est presque à se demander si ce crime profite à quelqu'un pour être à ce point protégé. 
    Pas de vaccin pour les pedocriminels ?
    Les pilules pour dormir, sourire, survivre ça sera bien non ?
    Qu'est-ce qu'il y a petit t'es pas d'accord ? Tu veux que je t'en colle une ? Et puis arrête de chialer t'es moche quand tu chiales. Je te payerai un truc, qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Ça sera notre secret. 
    Chut, remets ton masque ou étouffe-toi dans tes draps sales.

    Aujourd'hui le hashtag à la une est déjà différent et le couvercle va retomber, ils vont pouvoir bourreler tranquillement faisant fi des hurlements silencieux des enfants.

    Alors, il ne tient qu'à nous, les autres, ni agresseurs, ni agressés, de prendre conscience de l'ampleur du crime et de ses conséquences et, sans stigmatiser les victimes, les prendre en compte, les accompagner, les soigner. A ceux qui pensent "ce n'est même pas elle" au sujet de Camille Kouchner ou moi-même, posant ainsi un verrou de légitimité sur le témoignage et du même coup un acte de silenciation imposée, je répondrai qu'il est de la responsabilité voire du devoir de chacun de se sentir concerné, sans déposséder les personnes incestées de leur histoire, et d'agir. En s'informant, en étant vigilant, en regardant la bête droit dans les yeux pour lui couper les élans malveillants. Car non, le remède, à savoir la levée du secret, ce père de l'impunité, n'est pas pire que le mal. Elle est sans aucun doute extrêmement difficile et douloureuse mais le déni et le secret sont toujours pires et leurs conséquences sont délétères et durables.

    Et, par dessus tout, il nous faut prévenir, par l'éducation et la culture du respect de l'autre, par l'apprentissage de la bienveillance et de l'intérêt général.
    Faisons notre part, ne laissons pas retomber le couvercle. 
     

  • Imagine

    auribeau,maxine decker

    Copyright © Maxine Decker

     

    Imagine

    Il y aurait l'absence, tue et je serais, là. 
    Il y a ici le banc, trop petit paraît-il,
    Est le silence, je m'y assois, encore, 
    Si j'ignorais, jusqu'alors, son existence 
    Éternelle fulgurance, de mémoire, subtile 
    L'homme derrière,  moi et le bois mort
    L'arbre à l'ombre douce, berce l'âme
    Seule. La lumière vit. Inonde l'essence,
    Au fond, le coeur des fleurs denses. Immobile,
    Tuer las le mal, d'une mauve souffrance
    Indolence vague au souffle. Visible, là.
    Tu es. Mon amour, infini. Sois encore.

     

  • Eau de là

    J'ai dit au-revoir à mes enfants

    Montré ma voie à mes parents

    Remercié mes bons amis. Puis

    J'ai fermé les yeux et je suis partie,

     

    Tout en douceur arrêter de respirer

    Ici je flotte, je ne suis qu'une

    Vapeur légère, impression sur l'air, enfin

    J'ai fermé les yeux et je suis partie,

     

    La joie de mon coeur pivoine a glissé

    Sur la joue fraîche de vos délicatesses

    Vos âmes frissonnent à la caresse alors

    J'ai fermé les yeux et je suis partie,

     

    Merveilleuse légende, impalpable chimère

    Tout en chair, en pensées, échos bruyants de vie

    Insondable silence égal à nos mépris, frères

    J'ai fermé les yeux et je suis partie,

     

    Chantez plus que pleurer

    Vivez dès à présent, et

    Aimez toujours plus, si cette nuit

    J'ai fermé les yeux. Et je suis partie.

  • Les saisons germinales

    Aux musiques de mes silences il en est de paisibles.

    Suivant les silences pétrifiés des bords de rives rocailleuses, les silences trop chargés des tumultes assourdissants de va-et-vient infertiles, ils sont lumière douce et pénétrante de l’élan renaissant des obscurs, les prémices d’une nouvelle aurore harmonique. Imperceptible frémissement de l’âme subtile, qui se sait être en vie au creux de tous les hivers, le regard mutin et profond comme les gouffres, l’étoile du défi scintillante au flux à nouveau ressenti et aimé. Myriades de possibles composant mille voies, mille joies et autant d’abyssales désespérances qui nous laissent pitoyables et géniaux, musiciens vagabonds ayant pour toit la voûte céleste et au creux de soi la douce vie, chatoyante comme un trésor  sacré et éternel. Passent les corps flottants, le souffle de l’esprit comme une caresse illumine, tour à tour à tour, dans la litanie des renouveaux.

    Aux musiques de mes silences il en est de paisibles. Nourris de vos paroles, écoute attentive du chant de vos blessures aux cris de vos victoires, être n’est pas toujours de paroles. S’avance ma saison germinale, je la goûte comme la promesse d’un fruit sucré à souhait, posant désormais sur ce temps d’être, un regard attendri, bienveillant, abreuvé d’une prévoyante gratitude pour les futurs présents qui dessinent sous les paupières mi-closes les arabesques des jours enchanteurs.

    Aux musiques de mes silences. Il en est de paisibles. 

  • Il neige

    Il neige. Oh rien d'étonnant à celà, c'était prévisible, annoncé, risqué. N'empêche qu'il neige, depuis le milieu de la nuit. Et ça continue de tomber, en rideaux serrés, un manteau de froid est venu recouvrir les quelques fleurs téméraires et impatientes de goûter au printemps, qui s'étaient risquées à pointer leur nez sous les caresses d'un soleil de janvier chaleureux et si bien venu dans cet hiver, certes clément, qui n'en reste pas moins un hiver.

     

    C'est le silence qui interroge, autant que les chants d'oiseaux entendus il y a peu. Et les pensées livrées à elles-mêmes virevoltent comme les flocons. Le temps est suspendu, la Provence soudain immobile, si vite pétrifiée par ces frimas auxquels elle ne s'habituera sans doute jamais.

     

    Ici rien n'est jamais prêt pour faire face au froid. Ici les changements de temps sont douloureux à mon corps avide de bon temps. Alors la maison se calfeutre, fait le dos rond sous l'eau cristalisée, la chaleur viendra de l'intérieur pendant quelques jours, -16 ° annoncés pour dimanche quand même ... espérons que les réserves rechargées ces derniers jours résistent à ce soudain grand froid, en attendant le dégel.

     

    Ici il neige, dehors aussi, en ces temps de vigilance orange. 

    vigilance orange.JPG

  • Comme un parfum d'orange et de magie.

    Je reviens de trois jours avec la chère équipe, trois jours lyonnais comme je les aime, les jours et les Lyonnais.

     

    Le départ avait été difficile, la fatigue présente et à venir, mon absence de la maison à laquelle s'ajoute celle de ma Petite Fantastic pour le week-end, et aussi parce que depuis septembre j'avais oublié.

    J'avais oublié comme c'est bon d'être avec eux, d'entendre vraiment leurs rires sans le filtre parfois saturé de la connexion orange. De sentir leurs folles énergies et de renouer les complicités.

     

    La distance a ses conséquences que la raison seule ne peut contenter, parce qu'il fait bon parfois de respirer le même air et de vibrer au même rythme et que le très intéressant télétravail n'empêche pas le très appréciable télatravail. Qu'il soit télé ou t'es là, il y a eu du travail, de la réflexion, de  la projection, de l'animation à venir, du travail mais pas que. Il y a eu aussi une soirée avec l'équipe presque au grand complet.

     

    Et cette soirée a été toute animée de magie, et quelle magie, de l'époustouflant, du bluffant, des Oh et des Ah voire même des ahahah amusés, yeux écarquillés et autres Put..n, mais on ne dit pas Put..n, on dit Magicien dixit le Magicien lui-même ! On dit même Pierre Manu créateur d'impossibles.  Je n'en dirai pas plus parce qu'il faut le voir ou plutôt être spectateur et ne rien voir pour apprécier pleinement son art et repartir la tête pleine de questions quant aux impossibles rendus possibles le temps d'un battement d'aile de papillon.

     

    En parlant de papillons, vendredi j'ai rencontré Marie Garnier, auteure du Nid des papillons, qui a la gentillesse de m'inviter à une projection d'Intouchables suivie d'un débat dans un lycée professionel de Lyon, ça c'est le déplacement lyonnais du mois de février qui s'annonce. Une jolie rencontre donc avec Marie, ou comment mettre une voix et de la vie sur un visage, connu figé sur Facebook. Une belle rencontre, un good-feeling immédiat ! Je me surprends à être intarrissable au sujet de ce film, il faut dire qu'il m'a touchée à plus d'un titre, du défilé des auxiliaires à la solitude, en passant par les cases dépendance, différence, probables sujets du débat. Il m'a touchée aussi par sa trame de fond au parfum d'orange et de magie et même si là ne sera pas le coeur du débat, ici le coeur bat et c'est bon.

     

    Je terminerai cette note saturnienne par un voeu mais chuuut vous savez bien que les voeux se font en silence, le mien je le confie au mistral qui souffle en diagonale ce soir.

     

    A vos voeux, prêts ? Voulez !