UA-66561467-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

danse

  • Et si je danse ...

    Du repos, beaucoup de repos et la vie qui reprend ses droits. Je dors enfin, je ne travaille plus, j'ai rangé tout ce qui avait souffert de mon épuisement, j'ai trié mes papiers, rempli ma déclaration d'impôts, vu beaucoup de médecins, commencé 3 nouveaux protocoles.

    Bon qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

    J'ai mal. Tant que je ne bouge pas trop ça va. Quand je bouge j'ai mal, dame douleur nargue les neuroleptiques, les morphiniques, l'électro-stimulation, me laissant le choix entre tête shootée ou douleur énergivore ...

    Ma tête a envie de mille projets et la monture refuse la selle ... je vais devoir trouver des solutions rapidement pour canaliser mon bouillonnement de pensées et le transformer en création.

    Le maître mot "Contentement" pris dans le bon sens bien évidemment : "être contente de", boire avec plaisir chaque moitié pleine du verre bien plus désaltérante que la moitié vide. Savourer chaque instant de liberté. La qualité de notre temps de vie dépend de ce que nous choisissons d'en faire ou de comment nous choisissons de le vivre.

    Je connais bien quelques démons qui ont hanté mes pensées en d'autres temps d'inactivité ou plutôt d'activités non reconnues socialement. Jusqu'à maintenant je n'ai pas su vivre pour moi, j'ai toujours eu besoin de faire pour et aux yeux des autres, si possible avec une reconnaissance sociale à la clé, être utile, être reconnue comme étant utile par la communauté, bien au-delà de la famille, du village, de l'entreprise, à une échelle sociétale. Moi modérée ? Non toujours pas.

    Maître mot number 2 : humilité.
    Je dois reconnaître que le meilleur service que je puisse rendre à la communauté aujourd'hui c'est de prendre soin de moi, d'être mieux là pour mes filles, de limiter les dégâts sur ma santé, en d'autres mots être sage.

    Il s'agit donc de cheminer joyeusement vers la sagesse et l'humilité qui vont de paire.

    Arrive alors au triple galop le troisième cavalier de mon apocalypse : la culpabilité. C'est un ennemi coriace, insidieux et sournois (c'est vous dire si je le pratique depuis longtemps). C'est la petite sonnette d'un serpent qui surgit dans les moments heureux pour vous faire rabattre votre bonheur pépiant. Il siffle et susurre ses si si si sur ma tête étouffée qui n'en ose plus se contenter, pire, qui culpabilise d'avoir osé penser à se contenter. Or "Je pense donc je suis" n'existe que si la pensée est mienne et pas celle de ce serpent qui siffle sur ma tête. Voilà donc identifié le nouveau combat qui n'est autre qu'un très très vieux dilemme dans un nouveau costume. Le droit d'être contente, joyeuse voire même heureuse, grâce et en dépit des circonstances, en toutes circonstances.

    Allez amis, je retrousse mes manches ayant au fil des ans affûté quelques armes anti-venin et compris que la vie ça se danse !


  • Peau d'âme

    Peau d'âme

    Aux temps passés te faire danser.
    Mille fois d'essais pour un ballet,
    Magique pouvoir qu'aimer être.
    Jouer de moi au millimètre
    Avec toi, ma flûte enchantée,
    Mon instrument de beauté,
    Ma peau d'âme.

    Te retrouver aux matins pâles,
    Espérer les possibles, dire adieu aux étoiles.
    Te maudire de faiblir chaque lune,
    T'aimer encore. Signer tous les accords,
    Malgré toi, mon compagnon d'infortune,
    Mon souffre-douleur,
    Ma peau d'âme.

    Quand poussière tu seras,
    Chaque grain emportera,
    Gloires et victoires insensées,
    Plaisirs volés, mots sublimés.
    Pour toi mon bateau ivre,
    Mon vaisseau fantôme,
    Ma peau d'âme.



    Découvrez Frédéric Chopin!

  • La conscience du geste

    Parce que Pascal a fêté son anniversaire ces jours-ci, que Marcus nous a fait saliver avec ses madeleines goût malabars, je vous emmène pour un flash gordon back.

    Pour moi aussi c'est un anniversaire. Il y a 28 ans au mois d'octobre 1979 je suis tombée malade. (bon là tout de suite j'ai failli écrire 18 ans !! m...de, je viens de prendre dix ans ! finalement même malade ça passe vite le temps !)

    Tombée : entendez par là, première poussée de ma maladie, pan flingué en plein vol le petit rat de l'opéra (si ça vole les rats et pas que dans les cuisines !), mise à terre comme par le meilleur des plaquages chabaliens, sonnée par un direct de Tyson là au creux de mon épaule droite (ben oui c'est le genre de détail et de nuit dont on se souvient).

    Jusque là j'étais une gamine ordinaire, belle comme un coeur, première de classe, chouchoute des instits, enfant modèle, fidèle en amourssss, meilleure copine, danseuse au conservatoire, etc etc banale quoi :))

    Si je me sentais vide à l'intérieur, j'étais trés consciente et passionnée par la beauté des gestes, ce qu'on appellerait la grâce pour une danseuse, l'élégance pour une femme, le coup de crayon pour l'artiste, le coup de main pour l'artisan.

     

    Pour danser vous devez prendre conscience de chacun de vos muscles, en avoir une parfaite maîtrise et laisser le mouvement correspondre à chaque note de musique, ce que je pourrais décrire comme une maîtrise spontanée. Forte de cette conscience du geste je me suis mise à observer les gestes qui m'entouraient et surtout les gestes de savoir-faire : la boulangère qui entortille les coins du paquet de croissant, papa qui compte les liasses de billets à toute vitesse (rrrroooooo mais il travaillait au crédit labricole et j'allais le voir), les sculpteurs de l'atelier, papy et ses timbres si soigneusement découpés cran aprés cran, la calligraphie parfaite de la maîtresse, la jeune fille aux cheveux longs qui replace cette mèche souple en un geste de la main délicieusement sensuel, maman quand elle descendait les escaliers du monument de la victoire telle une actrice hollywoodienne, mamie quand elle épluchait les pommes de terre.

    Alors quand la maladie s'est invitée dans ma vie elle m'a d'abord enlevé la possibilité du beau geste, le geste était gêné dans son élan, alourdi, meurtri. Puis elle m'a enlevé certains gestes pour lesquels ne reste plus que le souvenir de les avoir fait un jour. Puis elle m'a appris la frustration de tous les gestes que je ne ferai jamais. J'ai alors quitté le pays du paraître et petit à petit pas, je suis devenue. Je supporte mes gestes maladroits, brusques parfois, j'ai transformé le naturel en conscience, la force par le sens de l'équilibre. Aujourd'hui mes gestes ont été réinventés, ils sont mesurés, prévus, c'est un exercice de chaque instant parfois bien pesant.

    Mais je reste amoureuse des beaux gestes, de vos gestes alors parfois j'écoute le bruit de vos pas et parfois je vous regarde faire.

    Voilà, en fait je voulais vous parler de mes mains mais en fait ce n'est pas sorti, trop douloureux sans doute, plus tard peut-être.

    Et vous êtes-vous conscients de vos gestes de tous les jours ? savez-vous émincer les oignons comme un chef (pour verser une larme avec moi) ? taper avec tous les doigts (pour me décrire votre geste préféré)? faire friser le ruban des cadeaux (parce que c'est mon malanniv) ?

    Nijinski, après-midi d'un faune

    Kontaktadresse [Foto : Rudolf Majer-Finkes]

    Nijinski par Auguste Rodin

    PS1 Je note ce soir dans la liste de mes envies : aller manger un ballet des yeux même si je sais que j'en serai émue aux larmes, toute suggestion à ce sujet est la bienvenue

     

  • Mon théâtre d'été à Epidaure

    1979 – J’ai 10 ans – Cette année papa et maman accompagnés d’une sœur de maman, ont décidé de faire un grand voyage, direction la Grèce, la Ford tonus est pleine comme un œuf. Papa a mis la galerie, a recouvert tente et valises avec un bâche tenue par des tendeurs et a transformé le coffre en garde-manger.

    Vogue la galère, la bâche claque au vent comme une voile pour notre odyssée, un périple de 7000 kilomètres qui nous fera traverser l’Allemagne, l’Autriche, la Yougoslavie puis la Grèce jusque dans le Péloponnèse. La vie s’organise dans la voiture qui va devenir notre habitation pendant ce mois pas comme les autres. Ma sœur Nini et moi apprivoisons peu à peu notre mal de voiture et apprenons la patience, le journal de Mickey comme lecture et Anne Sylvestre qui piaille son petit sapin et taupinette qui doit garder ses lunettes en fond sonore. Le chien a déjà chaud, maman mal à la tête.

    A la tombée de la nuit nous sommes en Autriche, on dort dans la voiture, au petit matin j’ouvre du bout des doigts un petit cercle dans la buée qui voile les vitres, dehors une fontaine en bois joliment recouverte de mousse verte gargouille d’un filet d’une eau si claire qu’on en perçoit la fraîcheur. Premier cliché.

    Nous traversons la Yougoslavie crevassée par un récent tremblement de terre, sentiment d’être loin de la tranquille Meuse, des nuées d’enfants nous assaillent quémandant une piécette, maman donne des chewing-gums. Deuxième cliché.

    Enfin la majestueuse Grèce accablée de soleil, de touristes, de poussière, et de vieilles pierres. Je suis fatiguée. Nous changeons de camp presque tous les jours parfois en camping mais le plus souvent en sauvage, le dentifrice ne mousse pas dans l’eau de mer. Troisième cliché.

    Puis nous dressons la tente au pied du magique théâtre d’Epidaure, l’endroit est féérique, les lauriers roses pour un décor de rêve, un tapis soyeux d’une incroyable herbe verte pour nos pieds, notre voyage prend des allures de conte de fées. Nous allons y faire notre théâtre, la danse est ma passion, à la rentrée je suis inscrite au cours préparatoire du concours d’entrée au conservatoire et je m’en réjouis d’avance. Alors là, dans cet incroyable lieu chargé d’émotions, nous faisons un spectacle pour nos chers parents, pour les voir sourire, pour qu’ils soient heureux. J’ai dansé au pied du théâtre d’Epidaure. Dernier cliché.

    Dans petite Marie, danse tant que tu le peux. Et imprime dans ton cœur la magie de l’instant.

    J’ai été admise au conservatoire de danse début octobre. Quand le diagnostic est tombé en janvier 1980 les premiers mots du médecin ont été : il faut arrêter la danse.

    Changement de pellicule.

  • Un peu de moi

    Pardon d'avance à ceux qui avaient déjà lu la fin de ce billet sur un autre blog de mon autre vie, mais là je récupère un peu de ma semaine et beaucoup de retard dans mon boulot je vais donc vous servir du réchauffé mais cette fois avec une petite entrée.

    medium_marie_en_jimini_criquet.JPGJ'ai eu l'immense bonheur d'être une danseuse classique jusqu'à l'âge de 10 ans, j'avais 4 ans pour mon premier gala, je faisais une danse écossaise avec ma soeur et une danse où nous étions des "moustiques". Plus tard j'ai fait aussi des claquettes, des solos, des duos, pour un de mes derniers galas je faisais 13 danses !
    medium_marie_danse_classique.2.JPGMes meilleurs souvenirs sont là. C'était ma destinée. Automne 79 j'ai passé le concours du conservatoire de danse à Metz, j'ai été retenue.
    Aprés quelques semaines de bonheur, même si je détestais les cours de solfège, la polyarthrite s'est invitée dans ma vie.
    Il a fallu lui faire une place, elle a pris celle de la danse. Les pyjamas ont remplacé les costumes à paillettes, les photos en noir et blanc des journaux ont été remplacées par les clichés des radiographies, mon corps à l'honneur en désaccord de mon bonheur.
    Plus de danse, plus de destin. Ont suivi quelques années d'errance entre rancoeur et désespérance.
    Maintenant voilà ce que j'en pense :

    Parce que je danse

    Quand la pesanteur est trop lourde à porter, clouée au sol, vissée dans mon fauteuil, collée à la réalité par des nerfs sous influence j'ai parfois des envies de légèreté. Petite danseuse j'ai été, la musique comme source, le corps comme instrument. A pas comptés, millimétrés, art de souffrance dissimulée . Pouvoir de temps en temps s'échapper ? éphémère illusion d'un tour de valse 1,2,3; 1,2,3 Puis décoller, quitter ce postérieur de plomb. Les écouteurs à un centimètre du tympan, quelques décibels en fonction du voyage. Faire corps avec la musique, se fondre en notes et enfin....s'envoler. Encore aujourd'hui je danse.
    Un trés beau livre à retrouver sur le site de l'association française des polyarthritiques : Les cris du corps.
    Les cris du corps
    Livre de 159 pages, format 10 x 19 cm
    16 € + 3 € de frais d’envoi.
    Aux éditions alternatives
    Paroles de chorégraphes et de danseurs accompagnées de photos et aquarelles, en hommage aux danseurs qui transcendent leur douleur physique pour la beauté de l’art, et à tous les malades anonymes qui luttent au jour le jour pour libérer un peu leur corps de l’immobilité qui le gagne.