Nocturne grandiloquence
Deux heures après minuit. La maison plongée dans un calme apparent après le tumulte des jours.
Le chien commet ses derniers forfaits avant d'être enfin accueilli chez d'autres qui sauront peut-être exploiter son énergie qui me déborde jusqu'à me noyer. Mes oreilles voudraient n'écouter que Chopin et les notes de mon clavier que j'ajoute avec joie malgré la douleur qui, ce soir encore, me prive de sommeil et je l'entends manger quelque jouet égaré.
Abstraction. De l'animal en partance, de la cruelle en résistance qui me rappelle d'autres nuits à écrire douleurs au rythme du Lacrymosa.
Abstraction. Du vilain tour de la petite Fantastic qui a fait maison buissonnière à l'heure du goûter, trouvant goûter meilleur chez l'amie du village, mettant mon coeur de maman à l'épreuve de la disparition pendant une heure folle.
Abstraction. Des dizaines de photo triées, rangées à l'occasion de la rénovation du petit salon. L'absence d'un pincement au coeur aux souvenirs évoqués, la joie même de retrouver les bouilles enfantines barbouillées ou déguisées, absence en écho d'un renouveau maintenant bien amorcé.
Abstraction. Attraction.
Attraction absolue des mots qui virevoltent dans mon esprit vers cet espace de liberté. Deux heures après minuit, des heures qui n'appartiennent qu'à moi, qu'importe qu'elles ne soient de sommeil si j'en fais des vers ou de la lumière avec du vide entre deux traits d'aquarelle. Transcendance de l'éphémère. Transformation de l'impossible en magique création. Goût immodéré pour l'enchantement qui, d'un coup de théâtre, métamorphose nuit d'enfer en subtil matin. Tant pis, je dormirai dans une autre vie ou après la mort, il sera bien temps de rattraper le sommeil en souffrance. Grandiloquence. Mot préféré de mes Fantastics. Grandiloquence, pour dire la richesse de l'existence quand on la goûte aux heures qui n'auraient du exister qu'en rêve.
Confiance. Ne pas laisser l'angoisse du déjà demain aux traits tirés, pointer le bout de son vilain nez. Énumérer les évolutions, solutions, absolutions, révolutions, additions de possibles en douces addictions qui me rendraient nuits entières, plume diurne et nocturne mutité.
Résonance magnétique. Etre avec vous qui dormez, je vous le souhaite, et entendre vos mots en écho aux miens à des heures plus raisonnables. Sauf si vous aussi, à deux heures après minuit, l'esprit vagabond et le coeur en théâtre d'émotions vous êtes quelque part, attelé à créer tableau plus concret que nos rêves.
Si vous êtes là je vous invite, esquissons quelques pas, d'une valse lente, vertige à nos âmes, soeurs qui cherchent commun sommeil et trouvent extraordinaire vie.
Ou comment lâcher prise et sauver raison, quand un nerf sous influence allume braise sous vos orteils, rite spirituel à demeure, sans vol, sans escale aux îles, ondes alpha en protection, en projection.
Cette nuit j'ai dansé avec vous, n'en déplaise au marchand de sable, cendrillon aux pieds nus, déclamant vers en guise de rêves, superbe insolence, nocturne grandiloquence.
Trois petits tours de valse, quelques jolies paillettes pour l'aube nouvelle, bonjour amis, deux heures après minuit !