Dans le corps d'un homme
Je viens de passer quelques jours en immersion dans le corps d'un homme ... pas n'importe quel homme : Daniel Pennac.
"Journal d'un corps" est le titre éloquent du livre qu'il nous offre post-mortem. Des bribes de vie de 13 ans à son dernier souffle de plume sur le papier. Ce n'est pas un roman, c'est une curiosité intime ou comment être invité dans le rapport que Daniel entretient (ou pas) avec son corps qui parfois lui semble étranger à lui-même.
Dérangeant ce livre ne manquera pas de l'être tant il est écrit sans aucune gêne, ni tabou. Parfois cru, toujours drôle. Pour un livre qui se défend d'être un journal intime il est quand même un concentré d'émotions vibrantes, touchantes, terriblement incarnées qui vous feront ressentir jusqu'au tréfonds petites victoires et grands bonheurs, corps qui exulte sous la caresse ou se cambre, pétrifié de douleur. Quand le corps se fait sens et langage, quand il se fait oublier, dévoré par un esprit qui parfois voudrait se libérer de cette enveloppe aux limites exaspérantes.
Il nous raconte son ressenti charnel de la maladie de son père qui lui distille et lui transmet une sagesse subtile détachée des performances physiques. Son enfance faite d'odeurs et de goûts qui s'inscrivent et perdurent toute une vie. Puis la lente réappropriation de son corps dans lequel il ne se reconnaît pas durant de longues années. "La peur est dans les testicules" et de nous décrire au point de nous le faire ressentir ce qu'habituellement, par pudeur ou tradition, nous ne partageons jamais.
Ce livre pour le moins original ne plaira pas à tous, il m'a plu même si j'étais très contente de sortir de ce corps et de retrouver ma féminité !
"Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps, un enfant déconcerté"
Une vidéo à voir sur Amazon : http://www.amazon.fr/Journal-dun-corps-Daniel-Pennac/dp/2070124851
Notre corps-monture, hôte obligé, le temps d'un passage en incarnation, corps à aimer et chérir pour prendre soin de soi avant, au terme d'une vie, d'en être libéré.
Et vous chers amis, dont je ne connais pour certains qu'une part d'esprit, quel rapport avez-vous avec votre corps ?