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malade

  • Vile haine



    seulement les 30 premières secondes ... ah les rats !

    http://www.deezer.com/track/817239 parce que deezer veut faire du trafic ... rendez-nous radioblog !!!



    Sur mon chemin il y a eu la colère.

    Celle que je portais comme un incongru bagage, héritée de victimes du passé, humanité bafouée de mes ancêtres, le silence au service de la honte et de convenances aujourd’hui condamnées. Une colère sourde et aveugle, une colère sans nom et sans visage et si j’en ignorais la cause, j’en vivais les effets, pantin obéissant aux mains d’un dictateur. Le jour où, à la lumière du secret révélé, j’ai compris qu’elle n’était pas mienne je me suis libérée de ce fardeau.

    Puis il y a eu des colères, des rebellions, des résistances, liées au destin, au sort, aux autres, aux limites, aux injustices, à l’existence, avant de comprendre que nous choisissons. Alors la colère s’est éteinte. Oh c’est sûr qu’en-dessous se cachaient d’autres combats : la peur, la tristesse, l’abandon, tout ce qui nous fait courber la tête mais de colère plus, ou si peu, ce qui pour moi ne veut pas dire la soumission, bien au contraire.

    Alors, quand par deux fois, en quelques jours, des personnes qui, je le pensais, me comprenaient, m’ont attribué de la haine, une ancienne blessure s’est réveillée. Une ancienne blessure et un nouveau combat, celui d’obtenir le droit d’aimer mon humanité telle que je la vis, celui de vivre mon état sans haine, sans reproche, sans jalousie, sans regret. Est-ce si difficile à admettre que l’on puisse vivre mon chemin sans laisser germer en mon cœur de la haine ?

    Je ne dis pas que c’est facile, c’est un ouvrage que je remets sur le métier chaque jour, chaque jour j’interroge l’observatoire de ma gouvernance, relis les anciens textes au bas desquels j’ai signé de mon sang, « je me fais la promesse de ne jamais être aigrie » daté de l’an 1980 car j’ai vite compris que le vrai mal était là, le vrai mal c’est le comportement que j’aurais pu choisir d’adopter comme une sentence fatale « malade tu es, méchante tu seras » une condamnation à l’aigreur, l’acide et la haine.

    Aujourd’hui je sais qu’il me faudra, en plus, admettre que certains feront le choix de s’arrêter à ce qui les arrange de penser de moi. C’est leur choix, leur chemin.

    Je n’ai qu’une parole : je n’ai pas de haine, n’en ai jamais eu, je n’en connais ni la couleur, ni l’odeur, ni la forme, ni le goût, la haine n’a pas sa place dans ma maison, la haine est un poison et sa morsure est létale pour celui qui la laisse naître. Alors, avant de penser de quelqu’un qu’il porte et envoie de la haine, demandez-vous si cette personne tient à la vie.

  • A mon corps défendant

    Patricia m'a proposé d'exposer quelques textes pour un évènement qu'elle organise au mois de février en Belgique, évènement lié au handicap, plutôt artistique et créatif.

    Je vais donc, pour la pemière fois écrire à partir d'un sujet et non pas spontanément comme jusqu'à maintenant. Vous me direz le sujet est vaste puisqu'il s'agit du "corps" tout un programme :)

    Alors je vous soumettrai mes copies et vous voudrez bien me dire ce que vous en pensez ...

    Voilà donc le premier tout juste recopié puisque je l'ai écrit "à la main dans un cahier" pour le côté charnel sans doute :)

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    A mon corps défendant,


    Je t'ai haï au moins autant que je t'ai aimé.

    Jadis je t'ai paré, t'inventant mille rôles, tantôt princesse ou sauvageonne. Jadis je t'ai apprivoisé, jaugé, dompté. Je t'ai habité comme un oiseau dans son nid, comme la lune dans son ciel, une rivière dans son lit.

    Puis un jour elle s'est invitée entre nous, elle a pris les commandes, a changé rêves et jeux.
    Tu lui as obéi longtemps, à la lettre, au doigt et à l'oeil, tu m'as cassé les pieds, inventant parfois avec zèle de nouvelles tournures, espèce d'enflure.
    Quel couple diabolique vous avez fait ensemble, maladie et corps à mal, si fiers de vos exploits, faisant fi de moi et défiant la médecine.
    Je t'ai maudit d'être de tous les records, de tous les effets secondaires et indésirables.

    Et puis un jour je t'ai voulu berceau pour des vies nouvelles. J'avais décidé qu'elle ne s'attaquerait pas à ma fécondité, os brisés n'atteignent pas rêves utérins.
    Te voilà tout en rondeurs, allourdi et apaisé par la découverte d'un pouvoir créateur et magique. Toi mon corps chéri, épanoui et parfait durant ces longs mois éphémères, effet mère. J'ai retrouvé ma fierté d'être, pour chacune des ces quatre périodes joyeuses de vie à porter.
    Toi qui avais fait de moi une enfant malade, tu m'offrais d'être une mère, ce cadeau vaut bien des offenses.

    Corps maudit, corps chéri.
    Corps prison et auberge de jeunesse.
    Corps hôtel de la paix.
    Je suis aujourd'hui avocate.
    A mon corps défendant.

  • La lettre

    Janvier 1980

     

    Au soir de la Saint Sylvestre qui allait nous faire entrer dans les années 80 une deuxième crise me foudroie, cette fois c'est le poignet droit. La première crise du mois d'octobre, celle qui avait touché l'épaule, avait été classée sans suite, une pommade, quelques massages, en avant soldat. Mais là, petit soldat ne peut pas rester de plomb, ça fait si mal.

     

    C'est tellement mal venu, comme ça en plein réveillon, ça ne pourrait pas attendre demain, l'année prochaine, une autre vie ?

     

    Non ça n'attend pas, c'est là maman, ça ne part pas comme ça et j'ai si mal. Tu devrais dormir un peu.

     

    Je suis couchée sur le lit de la chambre d'amis qui fait aussi office de bureau. Par dessus la table, entre le pot à crayon et la lampe éteinte, un éclair de lune brille d'un éclat verdâtre sur le sous-main. Dehors l'air est brillant de froid, plus loin dans la maison la fête ronronne d'éclats de rire, de tintements de vaiselle fine et de cristal, au rythme des fourchettes on devine l'humeur de bonne chair et de vin, dans mon coeur je sacre l'hiver de ma santé, un hiver sans printemps annoncé, couchée sur le ventre, la main sous moi comme pour étouffer le mal.

     

    Cette deuxième crise nous projettera définitivement dans l'univers de la maladie. A quelques jours de ce réveillon funeste, une simple prise de sang fera entrer dans ma vie un nouveau gros mot "polyarthrite", affublé de ses 3 adjectifs qui semblent antinomiques à un point que seul un savant maniaque peut avoir pensé à les utiliser sur le même enfant : rhumatoïde infantile chronique.

     

    C'est le temps de l'hôpital pour enfants. Les murs sont marrons, les lits, aux draps trop tirés pour réchauffer, sont trop grands, les couloirs aussi, j'ai mal aux genoux maintenant, le soir est glacial au réfectoire, on nous pèse avant le repas, à la file indienne, le pèse-personne, sous mes pieds nus sortis de mes chaussons me nargue de son aiguille douteuse.

     

    C'est le temps de la solitude.

     

    Et puis un jour du mois de janvier est arrivée une lettre. Une lettre si grosse qu'elle se donne des allures de paquet, elle est pour moi ? Oh elle s'est bien égarée un peu dans l'hôpital avant de me trouver mais oui, elle est pour moi. Je l'ouvre avec mille délicatesses, toute chargée qu'elle est déjà d'intrigue et de joie. Ce n'est pas une lettre qui m'est arrivée ce jour là, mais trente lettres colorées qui soudain s'éparpillent sur le drap blanc, devant mes yeux amusés. Trente messages chargés de la sincerité de l'enfance : tu nous manques, reviens vite, je pense à toi, tu vas guérir et tu reviendras à l'école. Et je les imaginais alors ravis d'échapper pour un instant aux maths et à l'histoire de France, les tables toutes envahies de feutres et de crayons de couleurs, avec force fleurs, coeurs et étoiles pour m'envoyer un petit mot qui d'espoir, qui d'amour comme seuls les enfants savent faire. Parmi elles une lettre de mon maître Monsieur Tripon que je remercie souvent de cette belle attention qui a réchauffé longtemps mon coeur d'enfant malade, car ce jour-là je n'ai pas reçu une lettre, j'ai reçu un trésor qui s'appelle empathie. 

     

    J'ai gardé bien des années, dans une boîte, parmi d'autres lettres reçues, les trente lettres de mes camarades d'école. Et puis un jour, alors que j'avais quitté la maison depuis longtemps, la boîte a disparu, sans doute poussée plus loin, ailleurs, mais le souvenir reste gravé à jamais, peut-être n'en est-il que plus beau, avec le temps les dessins auraient peut-être perdu de leurs couleurs, mon souvenir lui n'a rien perdu de sa saveur, un goût inimitable d'enfance et d'amitié.

     

    Chaque jour désormais vos messages m'accompagnent et, parfois, je retrouve dans vos lignes le souvenir de la lettre qui se donnait des allures de paquet.

     

    Edit du 12 à 18h22 : La photo de Roger Tripon, juin 1980, devinez où ?

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  • Tic tac tic tac

    Un peu tard ce soir pour un grand discours, interlude avec Grand Corps Malade au clair de sa plume ..